« Utilisateur:Marcel/Guillemets simples chevrons » : différence entre les versions
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Fin de citation. La section sur les guillemets va jusqu’à la page 142 en continuant la liste numérotée avec un certain nombre de détails, comme le fait de ne pas mettre entre guillemets les noms des animaux (ce qui relève aussi de la politesse). Jʼai essayé de reproduire lʼindentation fidèlement depuis l’original, notamment tout à la fin de l’extrait. | Fin de citation. La section sur les guillemets va jusqu’à la page 142 en continuant la liste numérotée avec un certain nombre de détails, comme le fait de ne pas mettre entre guillemets les noms des animaux (ce qui relève aussi de la politesse). Jʼai essayé de reproduire lʼindentation fidèlement depuis l’original, notamment tout à la fin de l’extrait. | ||
Jʼai eu beau chercher sur internet, je n’ai pas trouvé de pseudo-classe CSS qui s’appellerait « each-line » ou quelque chose du genre et qui permettrait de faire précéder d’un guillemet chaque ligne d’un texte sans que celui-ci soit découpé en éléments. Pourtant ce serait génial car une telle astuce permettrait de publier des pages web de style baroque ou romantique<ref>[https://en.wikipedia.org/wiki/Block_quotation#Origins_of_Block_Quotes Selon Wikipedia], les guillemets au début de chaque ligne étaient d’usage au temps du baroque et du romantisme. Même pour les citations de premier niveau, raison pour laquelle le ''Nouveau guide typo'' précise que cela ne se fait plus aujourd’hui.</ref>. Il paraît qu’il y a moyen de [https://tex.stackexchange.com/questions/115115/insert-a-character-in-the-beginning-of-each-line-in-a-special-verbatim-environme le faire dans LaTeX]. Peut-être cette fonctionnalité est aussi incluse dans InDesign et QuarkXPress. Il fallait bien savoir comment cela passe sur les ordinateurs. | Jʼai eu beau chercher sur internet, je n’ai pas trouvé de pseudo-classe CSS qui s’appellerait « each-line » ou quelque chose du genre et qui permettrait de faire précéder d’un guillemet chaque ligne d’un texte sans que celui-ci soit découpé en éléments. Pourtant ce serait génial, car une telle astuce permettrait de publier des pages web de style baroque ou romantique<ref>[https://en.wikipedia.org/wiki/Block_quotation#Origins_of_Block_Quotes Selon Wikipedia], les guillemets au début de chaque ligne étaient d’usage au temps du baroque et du romantisme. Même pour les citations de premier niveau, raison pour laquelle le ''Nouveau guide typo'' précise que cela ne se fait plus aujourd’hui.</ref>. Il paraît qu’il y a moyen de [https://tex.stackexchange.com/questions/115115/insert-a-character-in-the-beginning-of-each-line-in-a-special-verbatim-environme le faire dans LaTeX]. Peut-être cette fonctionnalité est aussi incluse dans InDesign et QuarkXPress. Il fallait bien savoir comment cela passe sur les ordinateurs. | ||
Déçu, j’ai feuilleté la dizaine de guides et monographies qui entourent le ''Nouveau guide typo'' sur l’étagère, noté l’ISBN de trois d’entre eux pour en | Déçu, j’ai feuilleté la dizaine de guides et monographies qui entourent le ''Nouveau guide typo'' sur l’étagère, noté l’ISBN de trois d’entre eux pour en charger les fiches dans Zotero une fois rentré. Cʼest là que j’ai vu le nom de Louis Guéry. Jʼavais vu que dans cet ouvrage, les guillemets anglais sont recommandés pour les citations de second niveau. Alors je me suis dit ça vaut le coup de fournir des extraits. Malheureusement c’était tard le vendredi et la BU allait bientôt fermer ses portes, mais j’y suis retourné (à vélo) quand même. | ||
Au final, c’est Louis Guéry<ref>Cité dans [https://fr.wikipedia.org/wiki/Lexique_des_r%C3%A8gles_typographiques_en_usage_%C3%A0_l%27Imprimerie_nationale#cite_ref-Gu%C3%A9ry13_3-0 l’article Wikipédia sur le ''Lexique'' de l’Imprimerie nationale].</ref> qui aura sauvé la situation. | Au final, c’est Louis Guéry<ref>Cité dans [https://fr.wikipedia.org/wiki/Lexique_des_r%C3%A8gles_typographiques_en_usage_%C3%A0_l%27Imprimerie_nationale#cite_ref-Gu%C3%A9ry13_3-0 l’article Wikipédia sur le ''Lexique'' de l’Imprimerie nationale].</ref> qui aura sauvé la situation. | ||
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Graphiquement très claire, cette | Graphiquement très claire, cette différenciation des niveaux de guillemets marque un net progrès face à la règle héritée. C’est peut-être aussi synonyme d’ouverture au monde, tant il est vrai que les guillemets (doubles) apostrophes étaient stigmatisés pour leur origine et ont dû être vus comme des corps étrangers si par malheur, un typographe s’était égaré à en truffer un texte français. Voilà : ces temps sont loin, et nous avons aujourd’hui un usage des guillemets beaucoup plus décomplexé. | ||
IL faut peut-être aussi voir le côté économique. Les citations de second niveau sont somme toute quand même assez rares. Valait-il la peine de faire fondre un type de guillemets rien que pour elles ? Certes, des usages philologiques sont aussi signalés<ref>Dans [http://lignedebase.fr/wp-content/uploads/2016/10/ponctuation_topo.pdf Signes de ponctuation occidentaux (Atelier design graphique)], Thomas Rosset cite les guillemets simples chevrons en tant que « '''Guillemets français simples''' en forme de chevron (‹ ... ›), séparés de leur contenu par une espace insécable (usage philologique) ». Mais sans les faire figurer dans la liste marginale.</ref>. | IL faut peut-être aussi voir le côté économique. Les citations de second niveau sont, somme toute, quand même assez rares. Valait-il la peine de faire fondre un type de guillemets rien que pour elles ? Certes, des usages philologiques sont aussi signalés<ref>Dans [http://lignedebase.fr/wp-content/uploads/2016/10/ponctuation_topo.pdf Signes de ponctuation occidentaux (Atelier design graphique)], Thomas Rosset cite les guillemets simples chevrons en tant que « '''Guillemets français simples''' en forme de chevron (‹ ... ›), séparés de leur contenu par une espace insécable (usage philologique) ». Mais sans les faire figurer dans la liste marginale.</ref>. Donc, en avant les guillemets anglais ! D’aucuns les trouvent même plus jolis<ref>Cet argument esthétique est ce que [[M.-A. Carrara|Marie-Adrienne Carrara]] doit affronter dans [http://www.aproposdecriture.com/guillemets-francais-ou-anglais Guillemets français ou anglais ?] : « Et là, je vous entends déjà : ‹ Oui mais moi je préfère les guillemets anglais, c’est quand même plus joli !›» <small>(Ponctuations et espaces adaptées. NDR)</small></ref>. Au moins on aura l’occasion d’en placer de temps à autre. | ||
== Latin-1 ou CP 1252 ? == | == Latin-1 ou CP 1252 ? == | ||
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Notons que dans [https://fr.wikipedia.org/wiki/ISO/CEI_8859-1 Latin-1], les seuls guillemets typographiques disponibles sont les guillemets français. Cela pouvait être une raison de ne pas en utiliser d’autres. | Notons que dans [https://fr.wikipedia.org/wiki/ISO/CEI_8859-1 Latin-1], les seuls guillemets typographiques disponibles sont les guillemets français. Cela pouvait être une raison de ne pas en utiliser d’autres. | ||
Or dans la page de codes [https://fr.wikipedia.org/wiki/Windows-1252 Windows 1252] ainsi que dans [https://fr.wikipedia.org/wiki/MacRoman MacRoman], on trouve non seulement les guillemets apostrophes typographiques, mais aussi les guillemets simples chevrons. Une raison de ne pas utiliser ces derniers est peut-être de rester interopérable avec Latin-1, tant utilisé qu’il a fallu fournir [https://fr.wikipedia.org/wiki/ISO/CEI_8859-15 Latin-9] pour l’€ (et l’œ, l’Œ, l’Ÿ et d’autres lettres manquantes, enfin). La seule représentation Latin-1 des guillemets simples chevrons seraient les < et >, qui ne vont pas du tout, contrairement aux dits « gants de toilette » " et ' qui pendant longtemps paraissaient ne pas choquer une grande partie des utilisateurs. | Or dans la page de codes [https://fr.wikipedia.org/wiki/Windows-1252 Windows 1252] ainsi que dans son homologue [https://fr.wikipedia.org/wiki/MacRoman MacRoman], on trouve non seulement les guillemets apostrophes typographiques, mais aussi les guillemets simples chevrons. Une raison de ne pas utiliser ces derniers est peut-être de rester interopérable avec Latin-1, tant utilisé qu’il a fallu fournir [https://fr.wikipedia.org/wiki/ISO/CEI_8859-15 Latin-9] pour l’€ (et l’œ, l’Œ, l’Ÿ et d’autres lettres manquantes, enfin). La seule représentation Latin-1 des guillemets simples chevrons seraient les chevrons [https://fr.wikipedia.org/wiki/American_Standard_Code_for_Information_Interchange ASCII] < et >, qui ne vont pas du tout, contrairement aux dits « gants de toilette »<ref>[https://www.generation-nt.com/reponses/comment-supprimer-l-espace-avant-des-signes-de-ponctuation-entraide-352239.html#1585585]</ref> " et ' qui pendant longtemps paraissaient ne pas choquer une grande partie des utilisateurs. | ||
Mais aujourd’hui que quasiment tout a été basculé vers Unicode, je peine à trouver une excuse technique | Mais aujourd’hui que quasiment tout a été basculé vers Unicode, je peine à trouver une excuse technique plutôt qu’une question de préférences, comme on en trouve dans Lacroux. Or si les [https://de.wikipedia.org/wiki/Anf%C3%BChrungszeichen#Deutschland_und_%C3%96sterreich Allemands] utilisent couramment aussi les simples guillemets chevrons, et que les [https://de.wikipedia.org/wiki/Anf%C3%BChrungszeichen#Schweiz,_Liechtenstein,_Frankreich Romands] les utilisent même en français, il faudra voir si ce langage-là est encore soutenable (à supposer qu’il l’a été à un moment donné, à la faveur du charisme du personnage). Ils s’appellent d’ailleurs ''demi-guillemets français'' en Allemagne, où l’on peut mélanger les guillemets pour augmenter le contraste (un peu comme en France), ou éviter de les mélanger pour harmoniser la typographie : »›…‹«, „‚…‘“ contrairement à »‚…‘«, „›…‹“ (copié-collé [https://de.wikipedia.org/wiki/Anf%C3%BChrungszeichen#Deutschland_und_%C3%96sterreich depuis Wikipedia]). En Suisse, notamment en Romandie, il serait question au contraire de doubles et simples guillemets, genre comme on pourrait les appeler en France aussi. | ||
Au fait : pourquoi écrit-on ? Pour faire passer un message précis ? Pour se faire plaisir à soi ? Si les deux vont ensemble, tant mieux. Mais la priorité semble être de ne pas indisposer ses lecteurs tout en rendant service. Seulement voilà : cette mode selon laquelle les mêmes guillemets servent tantôt pour marquer une citation ou un terme cité, tantôt un terme critiquable dont on met en question la signification habituelle<ref>Le journal québecois ''Le Devoir'' a publié une tribune à ce sujet intitulée « [http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/488139/mises-aux-points-les-antiguillemets-comme-symboles-de-la-postverite Les antiguillemets comme symboles de la postvérité] ». Lire aussi les commentaires : « Moi aussi je n'en ai cure de l'utilisation ironique ou autre des guillemets, a l'anglo-saxonne. Je continuerai donc à les utiliser pour bien marquer une citation exacte à l'intérieur d'une phrase. Tout simplement. Comme il se devait et se doit encore. »</ref>, n’a-t-elle pas tout pour fâcher celles et ceux d’entre nous qui aiment la rigueur plutôt que l’ambiguïté ? Donc par pitié pour la lectrice et le lecteur, utilisons les ressources disponibles pour bien distinguer les deux usages des guillemets, en réservons les guillemets doubles apostrophes à l’emploi dont ils partagent l’origine. | |||
Grâce à cet effort de clarification | Grâce à cet effort de clarification si français, on donne aux citations imbriquées un air plus familier. IL n’y a pas de guillemets plus français que les ‹ … ›, à part les « … ». | ||
D’ailleurs, est-ce que personne n’était vexé de ne pas disposer d’un jeu complet de guillemets, c’est-à-dire composé de doubles et de simples ? | D’ailleurs, est-ce que personne n’était vexé de ne pas disposer d’un jeu complet de guillemets, c’est-à-dire composé de doubles et de simples ? | ||
* Les Américains nichent les citations comme ça : “… ‘…’ …” ; | * Les Américains nichent les citations comme ça : “… ‘…’ …” ; | ||
* les Britanniques les nichent comme ça : ‘… “…” …’ ; | * les Britanniques les nichent comme ça : ‘… “…” …’ ; | ||
* et nous on les nicherait comme ça : « … “…” … » ; | * et nous, on les nicherait comme ça : « … “…” … » ; | ||
* ou plutôt comme ça : « … ‹ … › … »? | * ou plutôt comme ça : « … ‹ … › … »? | ||
Version du 20 décembre 2017 à 18:15
Les guillemets simples chevrons semblent ne pas être en usage en France, du moins en ont-ils la réputation, ou plus exactement : ils n’en ont aucune entre l’Atlantique et le Jura. La raison ? Aucun code, marche ou guide typographique ne s’emploie à les recommander dans l’Hexagone. Mais il n’est pas non plus très clair comment la réputation des caractères se fait ou se défait.
Ce qui est sûr pour l’instant, c’est que le projet d’azerty AFNOR dévoilé pour l’enquête publique de 2017 a les guillemets doubles chevrons en clavier bépoAltGr sur la rangée de repos, touches clavier bépoL et clavier bépoM, et les guillemets simples chevrons sur les mêmes touches en clavier bépoMaj+clavier bépoAltGr. On note aussi la synergie de l’espace fine insécable (EFI) avec ces derniers, dont elle partage le niveau. À la même échéance, le bépo 1.1 propose d’accéder aux guillemets simples chevrons par la touche morte ‹ Latin étendu et ponctuation étendue › : clavier bépoAltGr+clavier bépoT suivie de clavier bépo« ou clavier bépo» (touches clavier bépo3 et clavier bépo4). |
L’ajout de la prise en charge des guillemets simples chevrons sur le bépo est cohérente avec les contraintes de la mise à niveau. La première priorité est de ne pas modifier la maquette d’impression des touches telle qu’elle est en usage auprès des constructeurs, mise à part la permutation des apostrophes, qui n’impacte pas trop le visuel tout en améliorant la prise en charge du français depuis qu’on n’utilise plus d’ordinateurs limités à Latin-1. Le problème est que les places possibles des guillemets simples chevrons sur le bépo qui correspondent au placement sur l’azerty AFNOR sont occupées par les guillemets doubles apostrophes, qui selon l’une des traditions françaises jouent le même rôle de délimiteurs des citations de deuxième niveau.
Second choix : remplacer les symboles ≤ et ≥ non par ⩽ et ⩾, mais par les guillemets simples chevrons. Mais cela est si improbable côté cohérence que personne n’a eu cette idée pendant l’élaboration du projet de norme. Ni pendant l’enquête publique paraît-il. Sans doute parce qu’« ils ne sont pas en usage en France », justement. Cela dit, le bépo en tant que disposition francophone ayant pour vocation de couvrir “aussi” la Suisse, où ces ponctuations ont la réputation d’être en usage, c’est peut-être dommage que les guillemets simples chevrons ne soient pas sur touches vives.
Faute de pouvoir fournir un dossier d’exemples numérisés ou déjà sur la toile, j’ai fini par regarder un peu ce qu’il en est dans les codes typographiques sur lesquels j’ai pu mettre la main dans un premier temps, grâce à leur présence dans une salle de bibliothèque universitaire, fréquentée en trombe. Le résultat est édifiant : Nous pouvons faire comme nous voulons finalement, pour peu que l’objectif soit bien d’assurer à nos écrits une intelligibilité maximale.
- Cette page exprime un point de vue personnel.
- L’objectif est de résoudre un problème qui m’a été posé, en clarifiant un point d’orthotypographie, dans le but d’aplanir la voie du développement des dispositions de clavier pour la France.
- Je pense que l’enjeu pour le bépo est important, et qu’il faudrait promouvoir une redisposition marginale supplémentaire, dans le respect de la carte simplifiée.
- Les citations sur cette page, ayant pour fonction d’illustrer le propos, respectent de ce fait le droit d’auteur (qui autorise les citations d’extraits dans un but d’illustration).
- S’agissant de recopie d’ouvrages imprimés, les espaces accompagnant les grandes ponctuations ont été transcrites par des fines insécables, sans que cela préjuge des caractères d’espacement présents dans le fichier source d’origine.
- Sous réserve d’erreurs de recopie (en deux temps, d’abord au stylo bic).
Merci de se reporter aux ouvrages originaux cités.
Suivez le guide
Pour prendre connaissance des possibilités de guillemetage qui existent en France, j’ai commencé par la théorie. Outre le Lexique de l’Imprimerie nationale, on a le site consacré à l’orthotypographie de Jean-Pierre Lacroux, collection de matérieux d’un auteur décédé avant l’âge. C’est probablement surtout une accumulation d’avis personnels, exprimés de manière parfois attachante, parfois limite, en fonction de goûts très tranchés et apparemment sans avoir eu le temps d’étudier les tenants et aboutissants des questions qui lui furent soumises. Il y a une section sur les guillemets.
Nouveau code typo
Ce que j’ai voulu voir en priorité comme la source qui a l’air d’être la plus réputée, c’est le Code typographique de la Société amicale des directeurs, protes et correcteurs d’imprimerie de France. Cet ouvrage, qui existe depuis 1928, a bénéficié d’une réédition en 1997 (la dernière durant ces vingt dernières années).
Titre : Le Nouveau code typographique
Titre de couverture : NOUVEAU CODE TYPO
Sous-titre : Les règles typographiques de la composition à l’usage des auteurs, des professionnels du livre et des utilisateurs d’ordinateurs
Auteur : Révisé, complété et modernisé par Robert Guibert
Éditeur : Fédération de la communication CFE/CGC
Date : Septembre 1997
Lieu : Paris [adresse et numéros de téléphone et télécopie]
Dans WorldCat on trouve ce résumé : « La rénovation du Code typographique a été rendue nécessaire par la prise en compte de la nouvelle technologie informatique qui a supplanté tous les autres systèmes de composition. »
Un ordinateur figure bien sur la couverture.
Voyons ce qu’il dit à propos des guillemets.
p. 139 (dans cet extrait, tous les crochets sont d’origine) :
- 154. Les guillemets
- Les guillemets ( « » ) indiquent :
- 1) Les citations :
- a) dans les citations simples, un guillemet ouvrant [ « ] se met au début de la citation. Mais lorsque celle-ci porte sur plusieurs alinéas successifs, on met un guillemet ouvrant [ « ] à chaque alinéa et la citation se termine par un guillemet fermant [ » ] :
Il termina ainsi :
« Toute femme intelligente, au cœur généreux,
sentira peser sur elle une responsabilité sociale.
« Si elle est ouvrière, employée, épouse, mère de famille… »
- b) dans les citations doubles ou triples (citations de citations), on met un guillemet ouvrant au début de chaque citation et au commencement des lignes des deuxième et troisième citations, ainsi qu’aux alinéas indiquant la suite de chacune d’elles. Enfin la citation est terminée par un guillemet fermant :
« Si nous nous reportons à l’exposé des motifs… :
« La Direction générale des contributions
« directes a fait mieux encore dans le sens
« de son opinion…
« Enfin, dit-elle dans son mémoire, depuis
« l’arrêt de la Cour de cassation de 1876, le
« législateur… La loi du 26 janvier 1892
« dispose en ces termes, dans son article 26 :
« Est supprimé à dater du 1ᵉʳ avril 1892… »
- 2) Il est possible d’adopter une autre méthode également acceptée : celle-ci emploie le guillemet fermant au commencement des lignes des citations de citations.
- Ces deux méthodes sont admises. Il est préférable, quand il n’existe pas de précédent, de choisir l’une de ces deux marches en accord soit avec l’auteur, soit avec le client.
p. 140 :
- 3) Il ne faut jamais mettre de guillemets à chaque ligne des simples citations.
- 4) On ne met pas de guillemets avant et après les vers intercalés dans une citation :
Rivarol vantait un jour dans une société les
mérites du style le Buffon :
« Ne me parlez pas de votre Buffon, s’écria
d’Alembert, de ce naturaliste…
— Vous avez raison, réplique Rivarol, c’est
comme ce sot de Jean-Baptiste (Rousseau) qui
s’avisa d’écrire :Des bords sacrés où naît l’Aurore
Aux bords enflammés du couchant…
au lieu de dire tout simplement de l’est à l’ouest. »
Fin de citation. La section sur les guillemets va jusqu’à la page 142 en continuant la liste numérotée avec un certain nombre de détails, comme le fait de ne pas mettre entre guillemets les noms des animaux (ce qui relève aussi de la politesse). Jʼai essayé de reproduire lʼindentation fidèlement depuis l’original, notamment tout à la fin de l’extrait.
Jʼai eu beau chercher sur internet, je n’ai pas trouvé de pseudo-classe CSS qui s’appellerait « each-line » ou quelque chose du genre et qui permettrait de faire précéder d’un guillemet chaque ligne d’un texte sans que celui-ci soit découpé en éléments. Pourtant ce serait génial, car une telle astuce permettrait de publier des pages web de style baroque ou romantique[1]. Il paraît qu’il y a moyen de le faire dans LaTeX. Peut-être cette fonctionnalité est aussi incluse dans InDesign et QuarkXPress. Il fallait bien savoir comment cela passe sur les ordinateurs.
Déçu, j’ai feuilleté la dizaine de guides et monographies qui entourent le Nouveau guide typo sur l’étagère, noté l’ISBN de trois d’entre eux pour en charger les fiches dans Zotero une fois rentré. Cʼest là que j’ai vu le nom de Louis Guéry. Jʼavais vu que dans cet ouvrage, les guillemets anglais sont recommandés pour les citations de second niveau. Alors je me suis dit ça vaut le coup de fournir des extraits. Malheureusement c’était tard le vendredi et la BU allait bientôt fermer ses portes, mais j’y suis retourné (à vélo) quand même.
Au final, c’est Louis Guéry[2] qui aura sauvé la situation.
Louis Guéry
Face au besoin urgent des journalistes et autres utilisateurs d’ordinateurs de pouvoir disposer d’un guide pratique au quotidien, Louis Guéry a relevé le défi d’abréger.
Titre : Abrégé du code typographique à l'usage de la presse
Auteur : Louis Guéry
Éditeur : Victoires Éditions
Diffusion : Presses universitaires de France
Édition : 8ᵉ
Année : 2010
Lieu : Paris
Du même auteur : Le Dictionnaire des règles typographiques, chez le même éditeur dans la même collection.
Voici donc ce que j’ai noté en premier (mais j’ai réorganisé les notes pour laisser le meilleur pour la fin) :
Dans la section Espaces et ponctuation, page 65, on apprend que les guillemets s’accompagnent d’une « espace-mots insécable » à l’intérieur :
guillemet ouvrant : espace-mots sécable « espace-mots insécable
guillemet fermant : espace-mots insécable » espace-mots sécable
Une note précise qu’« il n’y a pas d’espace-mots entre le guillemet fermant et la ponctuation qui peut le suivre ». Bon à savoir quand il est suivi d’une autre ponctuation double.
Désireux d’en savoir plus sur l’« espace-mots insécable », je note page 66 à Espaces qu’il est question de photocomposition, et qu’en photocomposition, les espaces à valeur fixe sont toujours insécables [la plupart le sont aussi en traitement de texte]. Il y a le cadratin, le demi-cadratin, et le quart de cadratin, « parfois encore appelé espace fine ». Elle est effectivement plus fine que « l’espace-mots normale [qui] égale en principe, selon la règle typographique, un tiers de cadratin ».
Ces renseignements précieux vont nous servir dans la partie En pratique, au bas de cette page.
Et les guillemets ? Cʼest page 66 et 67 :
- Le guillemetage des citations :
[…]
- Si la citation comporte plusieurs alinéas, on répète le guillemet ouvrant au commencement de chacun d’eux.
- Si une seconde citation est incluse dans la première, elle se place entre des guillemets anglais ouvrant et fermant, sans influencer le guillemetage de la première citation. L’habitude veut que chacune des lignes de la citation incluse commence par un guillemet anglais ouvrant.
Graphiquement très claire, cette différenciation des niveaux de guillemets marque un net progrès face à la règle héritée. C’est peut-être aussi synonyme d’ouverture au monde, tant il est vrai que les guillemets (doubles) apostrophes étaient stigmatisés pour leur origine et ont dû être vus comme des corps étrangers si par malheur, un typographe s’était égaré à en truffer un texte français. Voilà : ces temps sont loin, et nous avons aujourd’hui un usage des guillemets beaucoup plus décomplexé.
IL faut peut-être aussi voir le côté économique. Les citations de second niveau sont, somme toute, quand même assez rares. Valait-il la peine de faire fondre un type de guillemets rien que pour elles ? Certes, des usages philologiques sont aussi signalés[3]. Donc, en avant les guillemets anglais ! D’aucuns les trouvent même plus jolis[4]. Au moins on aura l’occasion d’en placer de temps à autre.
Latin-1 ou CP 1252 ?
Notons que dans Latin-1, les seuls guillemets typographiques disponibles sont les guillemets français. Cela pouvait être une raison de ne pas en utiliser d’autres.
Or dans la page de codes Windows 1252 ainsi que dans son homologue MacRoman, on trouve non seulement les guillemets apostrophes typographiques, mais aussi les guillemets simples chevrons. Une raison de ne pas utiliser ces derniers est peut-être de rester interopérable avec Latin-1, tant utilisé qu’il a fallu fournir Latin-9 pour l’€ (et l’œ, l’Œ, l’Ÿ et d’autres lettres manquantes, enfin). La seule représentation Latin-1 des guillemets simples chevrons seraient les chevrons ASCII < et >, qui ne vont pas du tout, contrairement aux dits « gants de toilette »[5] " et ' qui pendant longtemps paraissaient ne pas choquer une grande partie des utilisateurs.
Mais aujourd’hui que quasiment tout a été basculé vers Unicode, je peine à trouver une excuse technique plutôt qu’une question de préférences, comme on en trouve dans Lacroux. Or si les Allemands utilisent couramment aussi les simples guillemets chevrons, et que les Romands les utilisent même en français, il faudra voir si ce langage-là est encore soutenable (à supposer qu’il l’a été à un moment donné, à la faveur du charisme du personnage). Ils s’appellent d’ailleurs demi-guillemets français en Allemagne, où l’on peut mélanger les guillemets pour augmenter le contraste (un peu comme en France), ou éviter de les mélanger pour harmoniser la typographie : »›…‹«, „‚…‘“ contrairement à »‚…‘«, „›…‹“ (copié-collé depuis Wikipedia). En Suisse, notamment en Romandie, il serait question au contraire de doubles et simples guillemets, genre comme on pourrait les appeler en France aussi.
Au fait : pourquoi écrit-on ? Pour faire passer un message précis ? Pour se faire plaisir à soi ? Si les deux vont ensemble, tant mieux. Mais la priorité semble être de ne pas indisposer ses lecteurs tout en rendant service. Seulement voilà : cette mode selon laquelle les mêmes guillemets servent tantôt pour marquer une citation ou un terme cité, tantôt un terme critiquable dont on met en question la signification habituelle[6], n’a-t-elle pas tout pour fâcher celles et ceux d’entre nous qui aiment la rigueur plutôt que l’ambiguïté ? Donc par pitié pour la lectrice et le lecteur, utilisons les ressources disponibles pour bien distinguer les deux usages des guillemets, en réservons les guillemets doubles apostrophes à l’emploi dont ils partagent l’origine.
Grâce à cet effort de clarification si français, on donne aux citations imbriquées un air plus familier. IL n’y a pas de guillemets plus français que les ‹ … ›, à part les « … ».
D’ailleurs, est-ce que personne n’était vexé de ne pas disposer d’un jeu complet de guillemets, c’est-à-dire composé de doubles et de simples ?
- Les Américains nichent les citations comme ça : “… ‘…’ …” ;
- les Britanniques les nichent comme ça : ‘… “…” …’ ;
- et nous, on les nicherait comme ça : « … “…” … » ;
- ou plutôt comme ça : « … ‹ … › … »?
Licence de ponctuer
Des exemples comme celui du tiret dans le Nouveau guide typo où ne figure que le tiret cadratin (à en juger d’après sa longueur) sans qu’aucune mention ne soit faite du tiret demi-cadratin, et même en l’assimilant au « moins », mais aussi cette faute bizarre dans le même ouvrage où dans un titre, « deux points » s’écrit sans trait d’union alors même qu’à la ligne en-dessous, on lit « deux-points », jettent le discrédit. La promesse de mettre l’ouvrage à jour pour « les utilisateurs d’ordinateurs » semble non tenue. Cinq ans après la sortie d’Unicode et d’ISO/IEC 10646, on peut s’attendre à en trouver des traces partout. Mais non. On se sent abandonnés, largués.
Louis Guéry
Heureusement il y a une issue de secours. Elle est sur la quatrième de couverture du livre de Louis Guéry. Ce texte n’est peut-être pas de l’auteur lui-même mais de l’éditeur, comme beaucoup de quatrièmes de couverture, mais peu importe :
- L’orthographe ne sert à rien. Sauf si l’on comprend mieux ce dont il s’agit lorsque l’on écrit « tonneau d’eau » plutôt que « tonodo ». Il en est de même des règles typographiques, qui n’ont d’autre but que de faciliter la lisibilité du texte. Or, aujourd’hui, ce ne sont plus des typographes hautement qualifiés qui composent les textes dans la presse et dans l’édition, mais les secrétaires d’édition, les auteurs ou les journalistes eux-mêmes.
- Ce petit livre […] est également destiné à tous ceux que les règles typographique [sic] passionnent… ou effraient et qui souhaitent rendre plus lisibles leurs écrits. Quant à l’avalanche de textes qui inondent la toile, gageons qu’une modeste partie finira bien par « subir » la correction. On a le droit d’être optimiste !
Ouf, on respire. Toutes ces règles qui nous sont imposées sur un ton parfois très décidé, comme dans le Nouveau code typo, n’auraient « d’autre but que de faciliter la lisibilité du texte ». Si d’aventure elles en venaient à rendre le texte moins bien lisible, elles deviendraient donc caduques et obsolètes. Pour être remplacées par… d’autres règles ?
M.-A. Carrara
Des règles, il en faut, comme nous le rappelle Marie-Adrienne Carrara dans « Guillemets français ou anglais ? » (À propos d’écriture) : « pas questions de satisfaire les goûts individuels. Il s’agit d’une question de code typographique et de l’usage correcte d’une langue. Et nous ne sommes pas libres de modifier les règles du français, et encore moins les conventions qui le véhiculent. » Avant de répondre à une question d’Anne Vacquant :
- anne vacquant :
j’ai en effet constaté que les éditions récentes employaient moins de guillemets que les éditions anciennes.
pourquoi? économie de caractères?
il faudrait pourtant s’entendre…
Marie-Adrienne Carrara :
Bonjour
Non, à mon sens juste l’évolution de l’écriture comme tous les autres arts. On ne peint pas aujourd’hui comme il y a cinquante ans.
Bien à vous
Les auteurs, comme les peintres, sont peut-être dans une recherche constante de l’équilibre subtil entre « le goût personnel » et les attentes du public. Entre les deux, les critiques cherchent à imposer aux auteurs les règles qu’ils avaient reçus de leurs prédécesseurs[7]. De la sorte, ils sont amenés à se positionner quelque part dans le vaste champ des possibles entre d’un côté le gage de stabilité voire le rempart contre la décadence, et de l’autre côté, l’obstacle au progrès et l’ennemi de la créativité.
Sous ce jour, voir les autorités en typographie se saborder et laisser le champ libre avant d’imploser une à une est d’un côté inquiétant, très inquiétant car une telle crise risque de décrédibiliser le secteur, surtout quand des organisations professionnelles s’en portent les garants (comme c’est le cas du Nouveau code typographique). D’un autre côté, nous pouvons rester optimistes, car cela nous laisse la liberté et le devoir de prendre nos responsabilités individuelles et collectives et de faire de notre mieux à l’aide des caractères existants tels que nous les trouvons dans Unicode, abstraction faite de certaines informations biaisées qui les accompagnent, sans manquer toutefois de consulter le Standard, ses nombreux annexes, les bases de données en ligne, le registre des documents et l’archive de la liste de discussion publique.
Une synchro bépo-azerty ?
Si les guillemets simples chevrons sont utiles et si le bépo doit avoir les mêmes performances que l’azerty AFNOR, ces deux ponctuations devraient être placées sur touches vives, dans l’idéal sur les mêmes que les guillemets doubles chevrons. Ainsi le bépo a l’avantage d’avoir ces derniers en accès direct, tandis que l’azerty AFNOR a l’avantage de les avoir sur la rangée de repos et même sur des positions de repos.
Il s’agit donc de voir comment on peut faire. Pour référence on prend la rangée E de la version 1.1rc1 qu’on peut représenter sous forme de tableau à une ligne par niveau.
- En grisé, les caractères de la carte simplifiée, imprimés sur les claviers existants, mais aussi quatre opérateurs qui doivent absolument être figés pour la cohérence, quand bien même ils ne sont pas gravés dans le plastic.
- En vert, les caractères pouvant éventuellement être redisposés.
E00 | E01 | E02 | E03 | E04 | E05 | E06 | E07 | E08 | E09 | E10 | E11 | E12 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Maj+AltGr | ¶ | „ | “ | ” | ⩽ | ⩾ | ¬ | ¼ | ½ | ¾ | ′ | ″ | |
AltGr | – | — | < | > | [ | ] | ^ | ± | − | ÷ | × | ≠ | ‰ |
Maj | # | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 0 | ° | ` |
Direct | $ | " | « | » | ( | ) | @ | + | - | / | * | = | % |
Proposition 1
Le plus simple, mais aussi le moins cohérent (on dira peut-être que ç’a été fait après coup), est de profiter du changement des opérateurs inférieur ou égal et supérieur ou égal pour y mettre non pas la variante à égal parallèle, préférée en France, mais les simples guillemets français. En fait, ce n’est même pas plus mal, car ces opérateurs devraient être sur les touches des symboles inférieur et supérieur.
Au final, c’est la possibilité la plus cohérente avec le bépo actuel. En plus, cela élimine le désaccord entre ceux qui préfèrent les symboles ⩽ ⩾ pour leur francité, et ceux qui préfèrent les symboles ≤ ≥ pour leur interopérabilité : on enlève tout et on met autre chose. Du coup, le bépo devient encore plus français (ou francophone). Pas de souci pour les symboles : dans la touche morte ‹ symboles scientifiques ›, il reste deux places sur les touches à côté (clavier bépo3 et clavier bépo4, celles qui portent les < >), au même niveau que celui où se trouvent les ≤≥ — donc parfait, aucune discrimination.
Je dirais que c’est l’option moyennement ergonomique et qui a l’avantage de ne pas toucher aux guillemets doubles apostrophes :
E00 | E01 | E02 | E03 | E04 | E05 | E06 | E07 | E08 | E09 | E10 | E11 | E12 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Maj+AltGr | ¶ | „ | “ | ” | ‹ | › | ¬ | ¼ | ½ | ¾ | ′ | ″ | |
AltGr | – | — | < | > | [ | ] | ^ | ± | − | ÷ | × | ≠ | ‰ |
Maj | # | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 0 | ° | ` |
Direct | $ | " | « | » | ( | ) | @ | + | - | / | * | = | % |
Proposition 2
Si je n’ajoute pas une proposition 2, j’ai peut-être l’air de céder à la facilité et de ne pas proposer de réelle alternative. Sincèrement en effet je ne crois pas que l’on puisse ne pas mettre les guillemets simples chevrons sur touches vives alors que l’on y a le symbole non « ¬ » (sur clavier bépo7) et même une place vide sur clavier bépo6.
Voilà qui tombe très bien. Pourquoi ne pas virer le non et profiter de ces deux places adjacentes pour trouver une solution plus rétrocompatible ? Le symbole non est très rare et irait bien dans ‹ symboles scientifiques › sur la même position qui à l’heure d’écrire ceci est vide sur la carte. Côté ergonomie ce n’est pas le rêve mais de toute manière les deux vont certainement rester en ‹ latin étendu et ponctuation étendue ›, au moins pour l’intuitivité de l’accès.
Cerise sur le gâteau : il y a même une petite mnémonique à la clé avec le chiffre 7 qui ressemble un peu à un simple chevron par sa forme angulaire à deux bras. Il pointe aussi dans le même sens que le simple guillemet français qui est proposé ici pour cette position. C’est pareil que pour le symbole non, le même type de mnémonique graphique. Idem avec l’accent circonflexe ASCII sur clavier bépo6, qui a ceci en commun qu’il est un chevron, quoiqu’il ne pointe pas dans la même direction — et qui n’est d’ailleurs pas super accessible non plus malgré sa relative forte fréquence :
E00 | E01 | E02 | E03 | E04 | E05 | E06 | E07 | E08 | E09 | E10 | E11 | E12 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Maj+AltGr | ¶ | „ | “ | ” | ⩽ | ⩾ | ‹ | › | ¼ | ½ | ¾ | ′ | ″ |
AltGr | – | — | < | > | [ | ] | ^ | ± | − | ÷ | × | ≠ | ‰ |
Maj | # | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 0 | ° | ` |
Direct | $ | " | « | » | ( | ) | @ | + | - | / | * | = | % |
Proposition 3
Si l’on décide vraiment de réunir les guillemets chevrons sur deux touches à peu près comme sur l’azerty Afnor, il faudrait redisposer plusieurs caractères en clavier bépoMaj+clavier bépoAltGr. Les guillemets doubles apostrophes peuvent alors être placés sur des touches avec une mnémonique qui fonctionne différemment, et les fractions aussi.
Or les guillemets doubles apostrophes sont aussi accessibles via des touches mortes classiques suivies du double guillemet générique : clavier bépo` clavier bépo" (‹ accent grave ›) pour le « “ », clavier bépo´ clavier bépo" (‹ accent aigu ›) pour le « ” », à l’instar des caractères remplaçant les guillemets simples apostrophes dans l’informatique ancienne. On a ainsi accès aussi au « „ » via ‹ tréma ›: clavier bépo¨ clavier bépo". Une variante de guilemet rare mais présente dans Unicode est aussi accessible : le guillemet double apostrophe réfléchie « ‟ » via ‹ tilde ›: clavier bépo~ clavier bépo".
Sur touches vives, la paire utilisée en français et surtout en anglais américain est associée aux chiffres qui lui ressemblent : « “
» comme « 66 » sur clavier bépo6, et « ”
» comme « 99 » sur clavier bépo9. Le guillemet double virgule « „ » de l’allemand quant à lui est bien sur clavier bépo0 comme étant en bas mais sinon semblable au « ” ».
Parmi les fractions ordinaires, le ¼ va sur la touche de son dénominateur clavier bépo4, le ½ va sur la touche du décuple de sa valeur décimale clavier bépo5, et les ¾ vont sur la touche de la somme de leurs numérateur et dénominateur, clavier bépo7 si le symbole non peut passer en touche morte comme dans la proposition 2.
On peut aussi améliorer la synergie des tirets cadratin et demi-cadratin avec l’espace insécable classique en les doublant en clavier bépoMaj+clavier bépoAltGr, si le ¶ (appelé « pied-de-mouche » par les typographes) n’est plus utilisé en saisie. Il peut être accessible par clavier bépo^ clavier bépo§.
Par ailleurs le symbole pour mille est très rare, car on écrit plutôt « 0,1 % ». Il peut être facilement accessible par la suite en accès direct clavier bépo^ clavier bépo%, et sa place permet d’ergonomiser le clavier bépo^, s’il est vrai que la place du ^ sur clavier bépo6 ne fait pas l’unanimité au point que l’on considère de le saisir plutôt par clavier bépo^ clavier bépoEspace. Il peut y rester toutefois, comme étant au-dessus de la touche morte éponyme, et simplement être doublé.
Enfin, vu les approximations que l’on rencontre souvent, il semblerait que l’inégalité puisse disparaître de la carte de base (mais rester en clavier bépo/ clavier bépo=) au profit de « ≃ » (asymptotiquement égal) ou « ≈ » (presque égal), ce dernier étant préféré en France paraît-il[8], mais le premier est conforme à la norme[9]. On peut donc mettre « ≈ » sur clavier bépoAltGr+clavier bépo=, et « ≃ » sur clavier bépoMaj+clavier bépoAltGr+clavier bépo8.
Pour les symboles inférieur ou égal et supérieur ou égal, il faudrait alors opter pour l’accès par touche morte comme dans la proposition 1.
E00 | E01 | E02 | E03 | E04 | E05 | E06 | E07 | E08 | E09 | E10 | E11 | E12 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Maj+AltGr | – | — | ‹ | › | ¼ | ½ | “ | ¾ | ≃ | ” | „ | ′ | ″ |
AltGr | – | — | < | > | [ | ] | ^ | ± | − | ÷ | × | ≈ | ^ |
Maj | # | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 0 | ° | ` |
Direct | $ | " | « | » | ( | ) | @ | + | - | / | * | = | % |
En pratique
Pour la clarté du discours écrit, il est recommandable d’utiliser les ‹ … › pour les citations de second niveau, et de réserver les “…” aux guillemets d’ironie s’il arrive d’en mettre. En voyant des “…”, la lectrice et le lecteur peuvent se rendre compte de suite que ce n’est pas donné comme une citation. Effet à éviter donc à l’intérieur des citations, sauf si la personne citée aurait mis des guillemets d’ironie à l’écrit.
Ainsi, nous pourrons faire attention à ce qui figure entre guillemets de citation, et faire attention avec ce qui est entre guillemets d’ironie.
Selon Thomas Rosset, les guillemets simples chevrons s’utilisent aussi en philologie[10], et sur le projet bépo ils servent à signaler les noms de touches mortes[11].
En français de France, les guillemets simples chevrons prennent chacun une espace insécable du côté creux[12], comme les doubles. Ils ne sont certes pas de « ponctuations doubles », mais ils comptent au nombre des ponctuations dites « hautes » dans l’une des versions de la règle des espaces avec les ponctuations. On peut aussi parler de « grandes ponctuations »[13]. Ce qui donne par analogie :
simple guillemet ouvrant : espace-mot sécable ‹ espace-mot insécable
simple guillemet fermant : espace-mot insécable › espace-mot sécable
Quant à savoir quelle espace, le terme d’« espace-mot insécable » en rapport avec les ponctuations peut induire en erreur, car cette espace est justifiante, On a besoin d’une espace insécable justifiante, mais en PAO on a une deuxième espace insécable qui est de largeur fixe[14], laquelle n’a pas été encodée par Unicode. L’ESPACE INSÉCABLE CLASSIQUE U+00A0 est bien justifiante, c’est spécifié dans le standard[15], or les ponctuations nécessitent une espace de chasse fixe. En photocomposition on utilisait donc « le quart de cadratin, parfois encore appelé espace fine », comme cité plus haut dans la première section Louis Guéry. Or ces espaces typographiques, qui étaient toutes insécables, ont été rendues sécables par Unicode ! Pour les rendre de nouveau insécables, il faut les entourer de gluons U+2060… Pas question évidemment d’ajouter trois caractères à chaque grande ponctuation. Les professionnels utilisent donc massivement la nouvelle espace fine insécable d’Unicode[16], malgré qu’elle fût absente du standard durant ses sept premières années. Unicode a fini par ajouter une phrase sur l’usage de l’espace fine insécable U+202F en français. Ce renseignement y figure seulement depuis que la partie sur les espaces du chapitre 6 a été récrite, soit depuis la version 7.0, parue en juin 2014, alors que le caractère U+202F ESPACE FINE INSÉCABLE avait été encodé pour la version 3.0 de septembre 1999. Depuis 2014 et jusqu’à nos jours (version 10.0, 2017, page 269), l’alinéa de référence se lit :
- Narrow No-Break Space. U+202F narrow no-break space (NNBSP) is a narrow version of U+00A0 no-break space, which except for its display width behaves exactly the same in its line breaking behavior. It is regularly used in Mongolian in certain grammatical contexts (before a particle), where it also influences the shaping of the glyphs for the particle. In Mongolian text, the NNBSP is typically displayed with 1/3 the width of a normal space character. The NNBSP can be used to represent the narrow space occurring around punctuation characters in French typography, which is called an “espace fine insécable.”
Pour le coup, cette nouvelle espace fine insécable est deux fois plus large en latin qu’en mongolien…
_____________________________
- ↑ Selon Wikipedia, les guillemets au début de chaque ligne étaient d’usage au temps du baroque et du romantisme. Même pour les citations de premier niveau, raison pour laquelle le Nouveau guide typo précise que cela ne se fait plus aujourd’hui.
- ↑ Cité dans l’article Wikipédia sur le Lexique de l’Imprimerie nationale.
- ↑ Dans Signes de ponctuation occidentaux (Atelier design graphique), Thomas Rosset cite les guillemets simples chevrons en tant que « Guillemets français simples en forme de chevron (‹ ... ›), séparés de leur contenu par une espace insécable (usage philologique) ». Mais sans les faire figurer dans la liste marginale.
- ↑ Cet argument esthétique est ce que Marie-Adrienne Carrara doit affronter dans Guillemets français ou anglais ? : « Et là, je vous entends déjà : ‹ Oui mais moi je préfère les guillemets anglais, c’est quand même plus joli !›» (Ponctuations et espaces adaptées. NDR)
- ↑ [1]
- ↑ Le journal québecois Le Devoir a publié une tribune à ce sujet intitulée « Les antiguillemets comme symboles de la postvérité ». Lire aussi les commentaires : « Moi aussi je n'en ai cure de l'utilisation ironique ou autre des guillemets, a l'anglo-saxonne. Je continuerai donc à les utiliser pour bien marquer une citation exacte à l'intérieur d'une phrase. Tout simplement. Comme il se devait et se doit encore. »
- ↑ Dans l’article « Block quotation » de Wikipedia anglophone on trouve cette citation d’Henry Fielding (Tom Jones, 1749) dans un exemple de mise en forme : Now, in reality, the world have paid too great a compliment to critics, and have imagined them men of much greater profundity than they really are. From this complaisance the critics have been emboldened to assume a dictatorial power, and have so far succeeded that they are now become the masters, and have the assurance to give laws to those authors from whose predecessors they originally received them.
- ↑ La notation de l’approximation est si diverse que des mathématiciens ont pu affirmer qu’elle n’est pas normalisée : <https://math.stackexchange.com/questions/864606/difference-between-%E2%89%88-%E2%89%83-and-%E2%89%85>, <https://www.quora.com/What-is-the-difference-between-%E2%89%88-and-%E2%89%85>.
- ↑ La norme de référence est ISO/IEC 80000-2 <https://en.wikipedia.org/wiki/ISO_80000-2>.
- ↑ Signes de ponctuation occidentaux (Atelier design graphique).
- ↑ Jʼai demandé à l’AFNOR que cet usage soit généralisé. Cʼest bien plus clair que la notation AFNOR avec des crochets, qui en français écrit ont déjà une sémantique différente.
- ↑ Thomas Rosset dans Signes de ponctuation occidentaux (Atelier design graphique).
- ↑ Je mets des guillemets de citation mais en fait, je me cite moi-même.
- ↑ En plus, InDesign a la même dualité pour l’espace fine insécable. Voir toutes ces espaces dans Comment paramétrer les espaces dans InDesign.
- ↑ Voir dans l’annexe Unicode sur la coupure de ligne : « When expanding or compressing interword space according to common typographical practice, only the spaces marked by U+0020 SPACE and U+00A0 NO-BREAK SPACE are subject to compression, and only spaces marked by U+0020 SPACE, U+00A0 NO-BREAK SPACE, and occasionally spaces marked by U+2009 THIN SPACE are subject to expansion. All other space characters normally have fixed width. »
- ↑ Lire les explications de Philippe Verdy, dans l’archive de la ML d’Unicode.