Discussion utilisateur:Arathor

De Disposition de clavier bépo
Version datée du 6 décembre 2014 à 10:35 par Arathor (discussion | contributions) (Brouillon lettre ouverte)
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Destinataires : - ministère du travail - ministère de la santé - éducation nationale (promesse de Hollande) - secrétariat au numérique - ministère de la culture (merci de ne pas faire passer la typographie avant la santé des gens, en normalisant l’azerty vous allez empêcher toute évolution du côté du clavier) - associations pour la santé au travail - médecine du travail - INPES - INRS



Madame, Monsieur,

Nous souhaitons attirer votre attention sur une situation qui nous préocupe.

pour l’ÉN : « L’éducation nationale n’est pas associée, la saisie sur clavier ne fait pas partie de ses objectifs. » C’est étrange, le programme électoral du président actuel soutient l’inverse…

Aujourd’hui l’informatique prend de plus en plus de place au travail et dans la vie de tous les jours. De très nombreux salariés passent plusieurs heures par jour sur un ordinateur, et sur l’un des deux dispositifs qui permettent de le contrôler : le clavier.

Le tactile ne changera rien pour les gens qui doivent saisir du texte, c’est une régression par rapport au clavier classique.

la frappe dactylo est efficace pour soulager les épaules et les coudes. Quand on colle les mains au clavier, un layout ergonomique (à la dvorak) est nécessaire pour limiter les contraintes sur les mains.

Malheureusement, ni les institutions officielles ni les constructeurs de matériel ne se soucient de l’ergonomie du clavier. Seules les personnes sensibilisées à la dactylo, le plus souvent après un problème de TMS, comprennent l’intérêt de remettre en cause leurs habitudes et de passer au bépo.

Sans soutien officiel, difficile d’être inclus dans les deux systèmes d’exploitation principaux et difficile de convaincre les constructeurs de matériel. On ne peut donc pas faire de prévention à grande échelle, car le manque de support du bépo freine son adoption.

Récemment, nous avons été contacté par l’AFNOR car le ministère de la culture souhaite améliorer la saisie du français. Les linguistes de la DGLFLF souhaitent qu’on puisse écrire correctement le français.

Dans l’état actuel des choses, ça risque fort d’aboutir à la normalisation de l’azerty.

Du côté du ministère de la culture, on part du principe que clavier français = azerty. Ils veulent faire une norme qui rajoute quelques caractères à l’azerty. Mais comme en France il ne peut y avoir qu’une seule norme dans chaque domaine, en voulant fixer l’ordre des touches, ils empiétent sur le domaine de l’ergonomie. En effet, une fois qu’ils auront normalisé l’azerty, il ne sera plus possible de normaliser le bépo.

les gens débutent avec l’azerty puis ne changent jamais de layout à cause du poids des habitudes. La normalisation de l’azerty aura beau être basée sur la typographie, ceux qui se cherchent des excuses pour rester sur l’azerty prendront ça comme un arbitrage en ergonomie. Pour eux, ce sera la confirmation que ce n’est pas la peine de s’intéresser aux claviers dvorak, « puisque l’azerty est LA norme ». Si c’est une norme, ça veut dire que des gens compétents ont étudié la question, non ? Et qu’ils ont pris la bonne décision, non ?

Parmi ceux qui se cherchent aujourd’hui des excuses, certains se taperont des TMS quelques années plus tard, mais le mal sera fait.

Aux USA, le dvorak est normalisé aux USA. La France est à la traîne. Dans un pays anglophone, quelqu’un qui a des TMS ou qui veut s’en prémunier peut passer au dvorak de manière très simple. Le layout est bien connu, il est inclus dans les deux OS principaux, et on peut trouver des claviers marqués dvorak (même s’il faut les commander).

Pourquoi un francophone ne bénéficie pas de la même possibilité ?

Ce qui est mauvais pour l’ergonomie du clavier est mauvais pour la santé de ceux qui travaillent avec plusieurs heures par jour. Les gens du ministère de la culture ne s’intéresse pas à l’ergonomie du clavier : c’est normal, ils sont linguistes, ce n’est pas leur domaine. Mais il y aurait dû y avoir la médecine du travail et les autres instances officielles (ministères santé/travail) pour répondre au ministère de la culture, et remettre les choses dans l’ordre : la santé est plus importante que la typographie. il serait vraiment regrettable que les critères commerciaux priment sur la santé des travailleurs

nous souhaiterions donc que vos services rejoignent ce processus de normalisation du clavier français.

faire les choses correctement et mettre la santé en tête du cahier des charges, devant la typographie. Il faudra expliquer aux linguistes que leur rôle est de définir une liste des caractères devant être présent sur un clavier francophone. Mais quand ils parlent d’unifier l’expérience, ça peut avoir des répercutions sur la santé des gens en les enfermant sur l’azerty. La santé, ce n’est pas leur domaine.

Demander à l’AFNOR de mettre les priorités dans le bon ordre, ce qui signifie faire passer la santé avant la typographie.

Faire une norme sur la liste des caractères que doit comporter un clavier français, c’est un progrès. C’est lassant d’entendre la légende des capitales qu’il ne faut pas accentuer, de voir des "" à la place des «», etc. C’est un travail de linguistes et de typographes : tout le monde reconnaît la légitimité de la DGLFLF et de l’Imprimerie Nationale dans ce domaine.

Faire une norme qui donne des informations sur l’accessibilité des touches (é et É doivent être sur la même touche), c’est aussi un progrès.

Mais faire une norme qui fige les touches dans une position anti-ergonomique, c’est une régression.

Soit le bépo et l’azerty sont normalisés tous les deux, comme le qwerty et le dvorak sont normalisés aux USA. Et si quelqu’un veut changer de disposition à cause des TMS, il peut le faire sans subir un parcours du combattant. Mais si un seul layout peut être normalisé, ni l’azerty ni le bépo ne doivent l’être. Pas l’azerty, parce que ça bloquerait à jamais toute évolution. Pas le bépo, parce qu’ils seront trop frileux.

Si le ministère de la culture accepte de rester dans le domaine de la typographie au lieu de vouloir empiéter sur la santé du travail, voici un compromis qui serait acceptable par tout le monde :

- une norme pour la liste des caractères - une norme pour l’accessibilité - une recommandation pour l’azerty - une recommandation pour le bépo

L’argument de « laisser la place à l’innovation » me semble très pertinent dans ce contexte, et la séparation en trois normes permettrait de s’assurer que l’innovation n’aille pas à l’encontre de ce que veut le ministère : qu’on puisse écrire le français correctement avec un clavier.

Dans l’absolu, tu as raison. En pratique, je pense que personne au ministère de la culture se soucie d’un éventuel après-azerty. Le cœur du problème, c’est qu’ils semblent aborder la question uniquement sous l’angle d’une normalisation d’un azerty étendu. J’espère que le processus de normalisation les convaincra de revenir sur cette position, et de se contenter de lister les caractères nécessaires.

Vu la situation actuelle (azerty dominant alors que c’est un produit sous-optimal), une norme de clavier francophone devrait se concentrer sur les deux premiers objectifs, et ne pas mentionner le troisième point.

Quand on néglige l’ergonomie, on le fait au détriment de la santé des travailleurs.