Utilisateur:Jenbamin

De Disposition de clavier bépo
Version datée du 25 août 2010 à 16:58 par Jenbamin (discussion | contributions) (→‎la dernière touche… le Backspace central ! : des autocollants)
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Avant j’étais petit. Je tapais à trois doigts sur mon clavier azerty. Certains jours, j’étais en forme, je montais à quatre doigts, même cinq parfois : c’était grisant. J’allais assez vite en fait, et je ne regardais pas beaucoup mes doigts (enfin un peu, oui, mais pas beaucoup). Maintenant, je suis un grand. Je tape à dix doigts et à l’aveugle, sur mon clavier bépo. Je ne vais pas très vite (enfin un peu, oui, mais pas beaucoup). — Mais comme ça fait moins d’un mois que je suis un grand, je me dis que ça doit être normal. Et puis surtout : quelle fierté, être un grand !

usage du bépo

Au bout de quelques semaines, je n’utilise plus du tout l’azerty, et je m’en porte très bien. Je profite de m’y être mis en plein été : peu de contraintes urgentes, je peux supporter sans problème la baisse temporaire de vitesse de frappe. L’intérêt de telle ou telle disposition, ou bien de telle ou telle modif mineure d’une disposition, dépend de l’usage qu’on fait de son ordinateur : on n’a pas forcément les mêmes besoins selon qu’on ne fasse que du texte en français ou que des lignes de code. On peut même vouloir faire les deux : faut savoir alors ce qui est prioritaire, mais ne pas non plus sacrifier complètement les usages minoritaires au profit de l’usage majoritaire. Donc, mon usage de l’ordinateur, c’est principalement :

  • envoyer des mails, lire des pages html (et occasionnellement gribouiller quelques commentaires sur des sites/blogs), etc., bref comme tout le monde ;
  • taper des textes sérieux issus de mon neurone (je suis universitaire en sciences humaines) : des articles, une thèse en cours (phase de rédaction, précisément), ce genre de choses — mes travaux perso sont tapés en LaTeX avec le frontend TeXShop (j’ai fréquenté autrefois les sciences inhumaines), mais je suis parfois obligé de me servir de MS Word pour des projets à plusieurs (contribution à un ouvrage collectif, par exemple) ;
  • comme je suis musicologue (pour tout vous dire), taper du texte en LaTeX ça peut aussi vouloir dire taper des partitions de musique avec LilyPond (pas encore essayé avec le bépo, ça pourrait me décider à passer aux chiffres en direct, cf. ci-dessous) ;
  • en théorie, alimenter mon site internet (pas fait depuis longtemps) ;
  • mettre en forme et en page des textes écrits par moi ou par d’autres (suis un peu maniaque de typo), logiciels principaux utilisés : LaTeX, MS Word, QuarkXPress ;
  • bidouiller des machins d’ordi : des sites internet, du html et du php, des squelettes spip, du (la)tex, des machins divers en xml, bref des trucs de semi-geek, on va dire (« semi » seulement, parce que parfois aussi je fais complètement autre chose de ma vie, et surtout parce que mes compétences restent au niveau de la bidouille de base) — logiciels : TeXShop pour LaTeX, et pour tout le reste, de plus en plus exclusivement, l’éditeur TextMate (autrefois : Alpha puis AlphaX, et BBEdit) ;
  • me suis mis récemment à Git, mais j’en ai un usage très basique (i.e. pour archiver/suivre mes machins perso) ;
  • plus occasionnellement : euh… plein de trucs, il y a 145 éléments dans mon dossier Applications, alors que j’ai fait le ménage récemment pour virer les inutiles ;
  • j’ai probablement oublié des trucs, parce que, on ne le dira jamais assez, les ordis c’est la vie…

Autre point important : la langue. Le bépo est conçu pour le français. Le bépo est parfait, ou presque, pour le français. Pour le français seulement, quel que soit le support assez exhaustif pour des caractères un peu exotiques : le bépo n’est pas adapté à l’anglais, en particulier, pas beaucoup non plus à l’allemand, parce que le K et le W sont très mal placés. Problème : il peut m’arriver de croiser quelques mots en allemand, et surtout il m’arrive quand même assez souvent de devoir écrire en anglais, que ce soit trois mots, une ligne de code ou deux, ou bien tout un long mail, voire tout un article de 30000 signes. Ça pourrait me conduire, un jour, à faire des modifs plus importantes que celles que j’ai déjà faites (mais le « bépow » ne me convainc pas vraiment).

configurations matérielle et logicielle

  • ordi : MacBook datant de 2006 (version 1,1 = la première génération des Mac Intel), bonne bête solide, usage intensif et exclusif depuis quatre ans, pas mal trimballé un peu partout ;
  • OS : le dernier des félins Apple, Snow Leopard 10.6.4, je suis à jour, quoi ;
  • claviers : celui du MacBook + depuis un mois je suis heureux possesseur (et intensif utilisateur) d’un TypeMatrix 2030 usb muni d’une skin bépo.

modifications du bépo standard

J’utilise une version un peu modifiée du bépo 1.0, les modifications sont les suivantes :

  • apostrophes déplacées pour commencer, bien entendu, comme tout le monde : accès direct à l’apostrophe (la vraie, « ’ » = U+2019) à la place du truc infâme for-geeks-only (« ' » = U+0027), lequel truc infâme restant pas trop loin (en AltGr sur la même touche) pour les jours où on en a besoin (= 1. pour lancer un bon gros rechercher-remplacer systématique et rétablir des apostrophes correctes sur textes reçus de collègues, 2. faire le geek, un peu, 3. faire du gras et de l’italique sur le wiki du bépo) — pas trop besoin de justifier ce changement j’imagine, mais juste pour mémoire : la seule raison qui indiquerait de laisser « ' » plus accessible, quand il s’agit de taper du texte (pour taper du code c’est différent, ok), c’est que certains logiciels le convertissent automatiquement en « ’ »… ;
  • deux ou trois bricoles sans intérêt : « § » sur la touche où il y a le « $ » du bépo, « ¶ » sur la touche où il y a le « P » bépo (je ne sais plus où j’avais vu ce changement, l’idée n’est pas de moi) — on ne se sert pas forcément tous de ces caractères tous les jours, raison de plus pour que la cohérence visuelle de la touche soit optimisée ; encore un ou deux trucs du même genre, que j’ai oubliés tant ça m’est utile au quotidien ;
  • comme j’utilise surtout le TypeMatrix, je ne me sers pas de la 102e touche du bépo (« ê »), je tape donc mes « ê » avec « ^ » + « e », je tape mes « / » de la main droite, et je le vis plutôt bien ;
  • la modif principale, idée empruntée à NemOlivier mais réalisée (un peu) autrement : le trait d’union (« - », minus-hyphen pour les intimes, U+002d) est beaucoup trop fréquent et utile pour être perché là-haut sous le 8, on le rapproche donc : à la place du « K » du bépo officiel. Sur la même touche, le tiret sur cadratin (« — », emdash) en majuscule, le tilde (non-mort) en AltGr, et le tiret sur demi-cadratin (« – », endash) en AltGr+Maj. Du coup faut reloger le « K » : je le mets à la place du « W » officiel, et celui-ci à la place du « Ç ». Exit le « Ç », qui passe en couche AltGr sur la touche où il y a la virgule. Bref, j’ai tout copié NemOlivier, vous allez me dire, mais alors moi je vous réponds : 1. ben oui, et alors ?, 2. en fait non pas tout à fait. Non seulement il y a des microdétails qui changent (j’ai le tilde non-mort (« ~ ») là où il a le tilde mort (i.e précisément sur la touche du trait-d’union (ex-touche du K), là où il y a un ~ dessiné sur la skin bépo…), parce que j’ai besoin souvent du tilde non-mort en LaTeX et en Spip (où il sert à coder les espaces justifiantes insécables), alors que le tilde mort est très bien là où il est dans le bépo officiel, avec le « n » pour pouvoir faire plein de « ñ » chaque fois que je vais en Argentine (zut, j’en reviens, et ne sais pas bien quand j’y retourne…)), mais surtout je n’ai pas touché à la rangée du haut : +, -, /, * etc. restent là où ils sont dessinés sur la skin bépo du TypeMatrix — toujours le même principe : moins une touche est fréquente, plus on va être tenté de regarder sous ses doigts. Vous avez tout suivi ? Oui ? alors il ne vous aura pas échappé que j’ai des choses en doubles sur mon clavier : les deux tirets (emdash et endash), le trait-d’union (minus-hyphen). Pour les deux tirets, c’est pas bien grave, mais à l’occasion je veux bien mettre autre chose sur la rangée du haut, pas encore réfléchi. Pour le trait-d’union : c’est fait exprès, en fait moralement l’un est le « moins » (minus), l’autre est le trait d’union (hyphen). En ASCII, c’est le même caractère, minus-hyphen, et donc les deux touches sortent le même code, U+002d en Unicode ; mais l’Unicode prévoit aussi des caractères possiblement séparés, minus et hyphen, U+2010 et U+2212 respectivement. Le jour où j’ai besoin de ces caractères, mon clavier est prêt… Bilan des courses : absolument aucun inconvénient à se passer du « ç » en direct, par contre il faut deux modifieurs pour avoir la majuscule correspondante, dommage — par ailleurs le « K » se retrouve vraiment mal placé sur le TypeMatrix (mais c’était encore pire d’y mettre le « W », alors…) ;
  • quelques détails dans la couche caps-lock : les chiffres y restent en Majuscule, je garde les guillemets, les parenthèses, etc., en direct (habitude Mac standard, quoi) ;
  • modifications de NemOlivier non reprise : l’ajout des « nbsp » (non-breaking space) en automatique sur les guillemets — je peux comprendre que ce soit pratique pour certaines choses, avec certains softs, mais primo, dans mon cas c’est absolument hors de question (je ne tape pas d’insécables avec les guillemets dans LaTeX, le module de francisation babel/french s’en charge automatiquement — avec un espacement plus finement « tuné » qu’une bête espace-mot —, et est très perturbé si on lui entre des nbsp ou des ~), et secundo, je n’y suis pas favorable sur le principe : les logiciels qui gèrent finement la typo, que ce soit LaTeX, XPress ou InDesign, ont tous des façons particulières de gérer l’espacement, les différents types d’insécables (ben oui, parce qu’il y en a plein, des insécables, pas juste l’espace-mot justifiante et la fine…), et qu’il ne faut pas les embêter, tandis que tous les logiciels pour lesquels l’insécable automatique pourrait être effectivement un plus correspondent à des usages pour lesquels ce n’est pas toujours forcément si grave que ça d’avoir oublié de mettre des insécables : écrire des mails, gribouiller sur des blogs, etc. [voir également, sur ce sujet, la page discussion…];
  • chiffres en direct ou pas ? (= autre suggestion de NemOlivier) Pour l’instant pas, ils restent en Maj, mais cependant j’y songe sérieusement, je vais peut-être m’y mettre — ce qui me fait garder les chiffres en Maj : avoir les guillemets et les parenthèses en direct, pour taper beaucoup de texte, c’est bien pratique (surtout quand on abuse des parenthèses et des guillements… et c’est un peu mon cas !), l’@ aussi mais c’est moins vital ; ce qui pourrait me faire passer aux chiffres en direct : quand on tape des guillemets ou des parenthèses, on n’en tape a priori qu’un à la fois, donc on peut survivre s’il faut pour ça un modifieur, alors que quand on tape des chiffres, il peut arriver, assez souvent même (pour ne pas dire absolument tout le temps), qu’on en ait plusieurs de suite à taper (dans mon cas : indiquer un numéro de page (deux ou trois chiffres à la suite), indiquer une date (quatre chiffres à la suite pour une année), et dans ce cas-là ça devient pas glop de devoir garder le Shift enfoncé, voire passer du Shift droit au Shift gauche deux ou trois fois de suite pour taper, mettons, 1936 — bref, vais peut-être m’y mettre prochainement, au moins essayer… ;
  • je crois que c’est tout, du moins pour ce qui concerne la disposition elle-même — à suivre…

Au final, ça donne, mettons, ça (cliquez ici pour voir en plus joli mieux) :

Disposition bépo 1.0 avec modifications Jenbamin (inspirées de NemOlivier)

Ou bien encore, en version simplifiée (cliquez ici pour voir en plus joli mieux) :

Disposition bépo 1.0 avec modifications Jenbamin (inspirées de NemOlivier) — carte simplifiée

avec le TypeMatrix (clavier orthogonal 101 touches)

Sauf donc qu’en réalité l’image ci-dessus est trompeuse, parce que sur le clavier orthogonal du TypeMatrix ça donne plutôt quelque chose comme :

 ╭─────┬─────┬─────┬─────┬─────┬─────┬──────┬─────┬─────┬─────┬─────┬─────┬─────┬─────╮
 │ # § │ 1 „ │ 2 “ │ 3 ” │ 4   │ 5   │ Del. │ 6   │ 7   │ 8   │ 9   │ 0   │ °   │ `   │
 |     |     |     |     |     |     ├──────┤     |     |     |     |     |     |     |
 │ $ – │ " — │ « < │ » > │ ( [ │ )  ]|      | @   │ +   │ -   │ /   │ *   │ =   │ %   │
 ├─────┼─────┼─────┼─────┼─────┼─────┤      ├─────┼─────┼─────┼─────┼─────┼─────┼─────┤
 | tab.│ B   │ É   │ P ¶ │ O Œ │ È   │ BkSp │ !   │ V   │ D   │ L   │ J   │ Z   │ K   │
 |     |     |     |     |     |     |      |     |     |     |     |     |     |     |
 |     │   | │   ´ │   & │     │     │      │ ^ ¡ │   ˇ │     │     │     │     │     │
 ├─────┼─────┼─────┼─────┼─────┼─────┼──────┼─────┼─────┼─────┼─────┼─────┼─────┼─────┤
 |     │ A Æ │ U Ù │ I   │ E   │ ; Ç │      │ C   │ T   │ S   │ R ™ │ N   │ M   │     |
 | Maj.|     |     |     |     |     |      |     |     |     |     |     |     | Maj.|
 |     │     │     │   " │   € │ ,   │      │   © │   þ │   ß │   ® │   ~ │     │     |
 |     ├─────┼─────┼─────┼─────┼─────┤ Ret. ├─────┼─────┼─────┼─────┼─────┼─────┤     |
 |     │ À   │ Y ‘ │ X ’ │ :   │ — – │      │ ? ¿ │ Q   │ G   │ H   │ F   │ W   |     |
 |     |     |     |     |     |     |      |     |     |     |     |     |     |     |
 |     │   \ │   { │   } │ . … │ - ~ │      │ ’ ' │     │     │     │     │     |     |
 ╰─────┴─────┴─────┴─────┴─────┴─────┴──────┴─────┴─────┴─────┴─────┴─────┴─────┴─────╯
                         ╭──────────────────────────────╮
                         │                              │
                         │                              | 
                         │                         _    │
                         ╰──────────────────────────────╯
 

J’en profite pour signaler que le TypeMatrix — modèle 2030 USB (la version ps/2, c’est un peu moins glop) — s’intègre parfaitement à l’environnement Mac. Si vous ne touchez à rien, juste vous branchez, déjà ça marche. Mais vous pouvez tirer pleinement parti de votre joujou en configurant deux ou trois choses supplémentaires — pour cela, deux outils : KeyRemap4MacBook et USBOverdrive.

  • USBOverdrive vous permet que les trois touches « multimédia » à droite : calculator, mail et home/browser soient reconnues (à noter que les autres touches multimédia (Play/Pause, Next Track, Previous Track, Mute, Volume Up et Volume Down) étaient déjà reconnues, sans installation supplémentaire). Si vous voulez faire quelque chose de ces trois touches, installez USBOverdrive (c’est un shareware, 15 ou 20 € pour avoir une licence, mais aucune limitation de la version d’essai), et configurez vos touches comme vous voulez. Vous en profitez pour faire faire ce que vous voulez à toutes les touches spéciales, si les choix par défaut ne vous conviennent pas.
  • Quant à KeyRemap4MacBook, il vous permet de faire un peu ce que vous voulez de votre clavier, cf. les quelques explications que j’ai ajoutées sur le wiki sur la page Trucs & astuces. En particulier, réglages prêts à l’emploi que j’ai créés pour le TypeMatrix et qui ont été ajoutés dans la version standard :
    • Swap Command_L and Option_L on TypeMatrix 2030 kbd : pour échanger à gauche les touches Commande (Win/Super) et Option (Alt), et retrouver ainsi vos habitudes de mac-user ;
    • Option+Tab to Command+Tab on TypeMatrix 2030 kbd : pour que la touche « shuffle » du TypeMatrix vous permette de basculer d’une application à l’autre (cette touche envoie en effet le combo « Alt+Tab » à votre ordinateur) ;
    • Application Key to Command_L+Backquote on TypeMatrix 2030 kbd : pour que la touche « app » du TypeMatrix vous permette de passer le focus d’une fenêtre à l’autre au sein d’une même application (si ça ne marche pas, c’est que vous avez dû changer le raccourci par défaut qui fait ça : allez dans le panneau de Préférences Système « Clavier » pour rétablir le bon raccourci) ;
    • Use PC Style Copy/Paste #3bis (for bépo/french dvorak) on TypeMatrix 2030 kbd : pour que les touches spéciales cut-copy-paste fassent ce pour quoi elles ont été conçues.

Tous ces réglages sont à trouver dans le menu « Device specific mixed settings » ; pas impossible que j’en rajoute d’autres à l’occasion (notamment avoir des réglages qui détectent automatiquement si vous êtes en bépo ou non).

Comme le savent tous ceux qui l’ont testé, la grande force du TypeMatrix, hormis la disposition en colonnes bien sûr, c’est :

  • les deux touches Majuscule remontées à hauteur correcte de petit doigt ;
  • le Return et le Backspace centraux.

Moralité : il n’y a plus qu’à faire la même chose sur le clavier du Mac !

avec le MacBook (clavier décalé 102 touches)

Disclaimer : Attention ! là ça devient nettement plus expérimental, pour ne pas dire tordu, et ça n’a pas encore été beaucoup testé (je ne suis pas très nomade ces temps-ci, donc j’utilise quasi-exclusivement le TypeMatrix). Je demande par avance pardon à tous…

l’idée

Je n’avais jamais appris à taper à dix doigts avant que NemOlivier ne me prête gentiment un TypeMatrix (« avec la skin bépo, comme ça tu pourras essayer si tu veux… »). Comme le clavier était : 1. splitté, 2. marqué qwerty, ce n’était pas évident d’y taper comme d’hab, en azerty avec trois doigts… Conséquence : apprendre à taper à dix doigts ; corollaire : se mettre au bépo (quitte à apprendre, autant le faire sur une disposition ergonomique…). Donc j’ai appris le bépo sur clavier orthogonal directement, ce qui veut dire que les distinctions entre différentes méthodes de saisies (cf. sur le wiki : Méthode_de_saisie) n’y ont pas beaucoup de sens : je veux bien qu’on me dise que je tape en « méthode standard » sur le TM, mais qu’est-ce qui m’empêche de penser dans ma tête que je tape en méthode « variante A », puisque de toute façon les touches de la rangée du bas ne sont pas placées pareillement ? Hors personne je crois ne contestera que sur un clavier décalé, d’un point de vue ergonomique, la « variante A » est très nettement préférable : poignets mieux dans l’axe, et surtout moins d’entremêlement de doigts (avec mes grosses paluches sur un clavier de portable, je vous assure que la « méthode standard » n’est vraiment pas confort…).

C’est ainsi que j’en suis venu à cette conclusion :

  • je veux taper ergonomiquement, donc « variante A » sans le moindre doute ;
  • je veux évidemment garder les mêmes touches sous les mêmes doigts, ou bien ça n’a aucun sens, ça reviendrait en gros à foutre tout l’apprentissage du bépo en l’air : donc c’est toujours l’index qui tape les points, le majeur qui tape les X, l’annulaire qui tape les Y, et l’auriculaire qui tape les À.

Bref, je tape « ergonomiquement » en variante A, et « bépoïquement » en méthode standard, et je me trouve vraiment formidable (ça m’arrive) d’avoir eu cette idée. (À noter qu’au moment où j’ai eu ces idées, je ne connaissais pas même l’existence de ladite « variante A »…)

Bilan :

  • Pour moi, il n’y a guère qu’un seul inconvénient, mais parfaitement mineur et « théorique » : le jour où je suis chez quelqu’un qui a un clavier US, je l’ai dans l’os si je veux lui emprunter son ordi tout en essayant de battre mon record de vitesse de frappe ce jour-là… Mais franchement, c’est nettement moins perturbant que de devoir taper en qwerty quand on est habitué à l’azerty, ça nous est tous arrivé (souvenez-vous…), on n’en est jamais morts. Et surtout : ça m’arrive rarement, je dois bien dire, de croiser des claviers US, ça doit bien faire dix ans que je n’en ai pas vu. Le jour où je pars six mois aux États-Unis, j’emmène mon ordi portable avec moi, vous savez (et même mon TypeMatrix…). Bref, pour moi ce n’est vraiment pas un inconvénient, mais je peux comprendre que pour d’autres ça puise l’être (encore que… je sais déjà quoi faire si je devais durablement taper sur un clavier décalé 101 touches !).
  • Pour tous ceux qui sont déjà fortement habitués à la méthode standard sur clavier décalé, je peux imaginer aussi qu’il puisse y avoir un coût au départ — mais c’est tellement bien après…


réalisation 1 : la disposition bepo_102_ br

Une fois qu’on a pengé à tout ça, y a plus qu’à… Alors on retourne dans le ConfigGenerator, et on créé une nouvelle dispo, chez moi c’est « bepo_102_br » (parce que celle d’avant elle s’appelle « bepo_101_br »…). Trois copier-coller plus tard, ça donne donc ça (enfin à peu près, on va le voir) :

Variante Jenbamin pour clavier décalé

Vous avez donc une magnifique case vide au milieu de la rangée du bas de votre clavier, vous pouvez en profiter pour y mettre ce que vous voulez. Comme vous le voyez sur la carte ci-dessus, au début j’avais mis un backslash, parce que ça m’est utile souvent avec LaTeX, mais vous pouvez aussi y mettre la si pratique touche « trait-d’union / tiret » proposée par NemOlivier, si vous n’aviez pas comme moi eu la bonne idée de suivre ses conseils et de déplacer le K. Cette première réalisation est pratique, puisqu’elle peut s’installer rapidement comme n’importe quelle autre si vous squattez l’ordi d’un pote à l’étranger, en voyage, etc. Mais ce serait dommage de s’arrêter là, vous ne trouvez pas ?

réalisation 2 : je transforme mon clavier de MacBook en pseudo-typematrix grâce à KR4MB…

Reprenons — ce qui est bien dans le TypeMatrix, c’est :

  • les touches en colonnes ;
  • les majuscules plus à portée des auriculaires ;
  • le Return central ;
  • le Backspace central.

Pour le premier point, ça va quand même être dur… Pour les trois autres, y a plus qu’à…

“Last row left-shift”

Mais tout d’abord, avant de réaliser cet ambitieux programme en trois points, revenons un peu en arrière : je n’ai pas envie de devoir changer, dans le Menu Saisie (ni même par raccourci clavier), entre ma disposition bepo_101_br et ma disposition bepo_102_br, selon que je tape sur le clavier du MacBook ou bien que j’aie branché mon clavier externe TypeMatrix — parce que je vais oublier, y perdre du temps, etc. Donc pour contourner ça, je peux faire mieux : grâce toujours au magique KeyRemap4MacBook, il me suffit de remapper, pour le clavier du MacBook et pour celui-ci seulement, les touches vers lesquelles je veux décaler sur les touches que je veux décaler. Comme KR4MB dispose de filtres selon l’input device, ça ne pose aucun problème. Le réglage est vite créé, maintenant je n’ai plus qu’à cocher la case ‘last row left-shift’ on the MacBook's internal kbd, et j’ai décalé-à-gauche-sur-la-dernière-rangée, en bon français. Plus besoin donc d’avoir à switcher entre les deux dispos, c’est automatisé (et d’ailleurs, c’est logique, parce que fondamentalement c’est la même dispo…).

les modifieurs

Pour tirer pleinement parti du bépo (et accessoirement pour garder la même chose que sur le TM, mais en l’occurrence c’est secondaire), il me faut bien sûr un « AltGr » au plus près sous le pouce droit, ce que je fais en cochant Command_R to Option_R dans KeyRemap4MacBook (ou, si je veux filtrer et faire ça sur le MacBook seulement, Command_R to Option_R on the MacBook's internal kbd). De la même façon, j’ai envie d’un « Ctrl » à droite, donc je coche Enter to Control_R (ou bien Enter to Control_R on the MacBook's internal kbd) — chez vous ça peut être plutôt Option_R to Control_R, suivant le modèle de votre Mac (mais, même si vous avez déjà un Alt à droite, il est néanmoins fortement recommandé de le déplacer à la place du Command_R, parce que le bépo fait grand usage du AltGr…).

les majuscules à portée d’auriculaires

Il suffit d’échanger :

  • à droite, la touche Maj et celle sur laquelle est, pour moi, le W (pour vous, peut-être plutôt le Ç si c’est encore lui qui est là) ;
  • à gauche, la touche Maj et la touche CapsLock.

Ce qui est fait de la façon suivante :

  • à droite, pas de gros problème, c’est un échange standard entre deux touches standards, c’est vite codé, une fois de plus en filtrant suivant l’input device, c’est-à-dire en rendant le changement effectif sur le clavier du Mac seulement, et pas sur le TypeMatrix quand il est branché : maintenant, le réglage est prêt, il n’y a plus qu’à cocher Swap Shift_R and Backslash (\) on the MacBook's internal kbd dans le panneau de KeyRemap4MacBook ;
  • à gauche, il faut ruser un peu, car la touche CapsLock ne fonctionne pas exactement comme les autres… on utilise donc PCKeyboardHack, le petit frère de KeyRemap4MacBook, pour remapper CapsLock, sauf que si on l’envoie direct sur Shift_L, ce sera effectif sur tous les claviers, ce qui n’est pas du tout ce que l’on veut — parade : on mappe CapsLock sur une touche inexistante du Mac (par exemple pour moi, la touche Exposé : j’ai un vieux Mac…) avec PCKeyboardHack, puis on renvoie ladite touche, grâce à KeyRemap4MacBook, sur Shift_L pour le clavier du MacBook, et retour sur CapsLock pour tous les autres claviers ! Voilà, c’est fait, tout ce qu’il faut c’est installer et configurer PCKeyboardHack (j’y envoie CapsLock sur le keycode 160, qui est celui de Expose_All), puis cocher Swap Shift_L and CapsLock on the Mac's internal kbd dans KR4MB (bien sûr, j’ai créé aussi le réglage Revert CapsLock to normal on every kbds, pour si je dois prêter mon Mac à quelqu’un un jour où ce quelqu’un n’est pas d’humeur trop joueuse…).

Et voilà ! Mes deux touches Shift sont à la bonne hauteur, et je garde mes bonnes habitudes du TypeMatrix (y compris mon W — ou votre Ç — qui se retrouve exactement au même endroit, juste à droite du F).

le Return central

Une fois que j’ai fait mon « last row left-shift » (cf. ci-dessus), j’ai libéré une place au milieu de ma rangée du bas, sur le B de l’azerty (ou du qwerty) : j’y mets une copie du Return (je garde aussi le gros Return, il est utile à l’occasion) en cliquant dans KeyRemap4MacBook l’option ‘Central-Return’ (B to Return) on the MacBook's internal kbd. Quand on est habitué au TM, on passe son temps à chercher de l’index les touches qui n’y sont pas sur les autres claviers — avec cette option, la recherche ne se fait plus en vain !

Avec tout ça je me retrouve avec quelque chose qui n’est pas loin d’être optimal, et qui doit ressembler à (euh… si je ne me suis pas planté en éditant à la main le fichier .svg…) :

Customisation du clavier MacBook

la dernière touche… le Backspace central !

Bon, là ça devient nettement plus rock ’n roll… Si je veux avoir « tout comme sur le TypeMatrix », il me manque toujours le Backspace en haut au centre. Mais jusqu’ici, il s’agissait de déplacer des machins qui ne correspondait de toute façon pas à l’étiquetage azerty du clavier sur lequel on tape : si on fait le dernier changement, il va falloir appuyer sur la touche marquée 7 pour faire un 6, sur celle marquée 8 pour faire un 7, und so weiter — et comme on a tous plein de chiffres qui traînent dans nos mots de passe, c’est parti pour être drôle ! Quoi qu’il en soit, le changement est possible, je l’ai programmé pour KeyRemap4MacBook : il suffit de cocher les options ‘first row right-shift’ on the MacBook's internal kbd et ‘Central-Delete’ (6 to Delete) on the MacBook's internal kbd, et voilà, vous êtes l’heureux possesseur psychopathe d’un clavier qui a la tronche suivante :

The final touch !…

Bon, ce dernier changement, c’est surtout pour-de-rire et pour aller jusqu’au bout du délire : je n’ai pas encore beaucoup testé et pratiqué, c’est pas évident. Pour les mots de passe, on se concentre et ça passe, mais faut pas être pressé. Sympa aussi quand on veut effacer des trucs et qu’on se retrouve à écrire une ligne entière de %%%%%%%%%%%%%%%%%%%% !…

Sur un clavier où on ne change pas du tout l’étiquetage, le coup du backspace n’est pas très viable, je dois bien avouer (quoique, avec de la pratique…). Par contre, en s’achetant un paquet d’autocollants Beaujoie, ça me paraît tout à fait réaliste. Deux options :

  • Acheter un jeu d’autocollants bépo : ben on met ce qu’on veut là où on veut, tout va bien, rien n’interdit de mettre tel autocollant à tel endroit plutôt qu’à tel autre, donc va pour le Return et le Backspace centraux. Inconvénient : on ne peut plus prêter son ordi, même pas pour cinq minutes à un pote qui est chez vous et veut checker ses mails. Pour le principe donc, pas top — mais ça rend les modifs franchement viables.
  • Acheter un jeu d’autocollants azerty/français pour Mac, si possible pas la même couleur que votre clavier d’origine : vous n’avez plus qu’à recoller les treize autocollants de la rangée des chiffres, en faisant le décalage au centre. Vous avez alors une touche au milieu qui n’est pas de la même couleur que les autres : ça la rend facile à identifier/viser pour en faire votre Backspace, et vos invités comprendront vite que s’il y a deux 6 l’un à côté de l’autre, l’un seulement des deux produit le résultat désiré. Si vous avez encore sous la main un autocollant Backspace d’une autre couleur, ne pas hésiter à l’y coller. Pour la rangée du bas, même principe : vous changez juste la couleur du B, vous le remplacez par un B d’une autre couleur, et l’affaire est dans le sac !

Je pense que je me pencherai vers la seconde option, si je garde l’option du Backspace central… mais le plus probable reste qu’à terme je m’arrête à l’étape précédente, les Maj à bonne hauteur et le Return central c’est déjà bien sympa. [Edit, quelques semaines plus tard :] Pour l’instant j’ai gardé le backspace, et je pratique sans trop de problème (quelques erreurs, bon, c’est normal) — j’ai donc décidé de ne rajouter que deux autocollants (à la fois par flemme, et pour ne pas avoir à racheter un jeu complet d’autocollants), pour matérialiser simplement les deux touches centrales.

le clavier du MacBook, avec seulement deux autocollants pour les touches centrales


That’s all folks!…

[Note sur KeyRemap4MacBook : tous les réglages que j’utilise sont regroupés dans un seul et même menu : « Device Specific Mixed Settings » (sera complété prochainement : prévu de faire en particulier = avoir des changements qui sont actifs en bépo, mais pas en azerty, voire des changements qui sont actifs sur telle version du bépo mais pas sur telle autre (notamment pour les versions où les raccourcis en Cmd et Ctrl restent ceux de l’azerty, utile pour gérer les bugs de MS Word, cf. la page d’install)). Si vous voulez essayer mes machins, tout est prêt à l’emploi dans KeyRemap4MacBook… mais ça ne marchera par forcément ! En effet, les filtres « on the MacBook's internal kbd » correspondent seulement à mon modèle de clavier interne : contactez-moi si vous voulez qu’on allonge la liste pour ajouter le vôtre. Je peux aussi filer à qui veut mes fichiers de config, si ça vous amuse d’essayer…]

bépo + Mac sur le wiki

Sur le wiki du bépo, on voit vite qu’il y a surtout des Linux (ou Unix) qui traînent dans le coin, plus quelques Windows, mais pas — plus, me dit-on — des masses de Mac. J’ai donc contribué un peu, comme j’ai pu, et j’ai essayé de voir où étaient les infos. Pour mémoire je liste ici les principales pages où les utilisateurs Mac peuvent trouver des infos utiles :

la querelle des insécables…

Comme ma défense de la non-saisie des insécables lors de la frappe courante a suscité quelques discussions (cf., précisément, la page discussion), un petit rajout…

Quelques morceaux choisis de l’entrée « Espace » dans l’Orthotypographie de Jean-Pierre Lacroux :

[…] Je n’aimerais guère que l’on adopte un système d’introduction automatique de blanc avant les ponctuations hautes (sauf, peut-être, pour le deux-points…). 

— question : est-ce qu’une habitude de frappe, c’est un système automatique ? réponse : oui et non, si c’est une habitude c’est que c’est un peu automatisé, non ?

Ou alors, il faudrait qu’il soit « débrayable »… 

(c’est bon, on respire…)

Sinon, ce ne serait qu’une ossification supplémentaire, une béquille pour les cancres mais une entrave à la liberté des autres. Le jeu sur les espaces liées à la ponctuation était et devrait redevenir un moyen, « gérable par le compositeur humain… », de justifier subtilement.

Voilà donc ma revendication : pas d’entrave à ma liberté de travailler avec des logiciels qui font bien leur job !…

Un peu plus loin :

Le léger blanc intégré ne fait l’affaire que des typographes anglo-saxons (et de leurs émules mondialisés…). Pour nous, il ne fait qu’augmenter stupidement la valeur des fines… Quant aux immenses insécables engendrées par les logiciels de traitement de texte, elles sombrent dans la caricature… S’il y a une pression à exercer, c’est bien celle-ci : imposer la présence de fines dans tous les logiciels traitant peu ou prou des textes… Qu’un machin aussi puissant que Word n’en dispose pas est un scandale… un scandale dangereux, car ils n’ont pas tout à fait tort tous ceux qui trouvent que ces prétendues « espaces françaises » avant les ponctuations hautes sont ridiculement grandes… De là à préférer les rustiques conventions des autres…

Voilà pourquoi ils me défrisent, vos nbsp. Bon on est d’accord : là je marque un point ? (un lacroux-point… nouvelle unité de mesure en typo !) [— Note au passage : depuis, Word a fait des progrès… ah ben non en fait, je retire… comme quoi ça vaut le coup de vérifier]

J. FONTAINE : Mais ces signes devraient quand même être plus près du mot qui précède que du mot qui suit, ce qui n’est pas le cas si, toujours à défaut d’espace fine, on choisit plutôt d’insérer une espace-mot insécable.
[…] Tout dépend du parcours et de la destination ultime du texte. S’il doit migrer vers un logiciel de mise en pages, il est tout à fait inutile — voire nocif… — de se préoccuper de finesses visuelles au stade de la copie (dans ce processus, un fichier de traitement de texte n’est jamais que de la copie).

Lacroux est donc d’accord avec le fait que je ne tape pas mes insécables au moment de la saisie, quand ma saisie migre ensuite vers un engin de composition (mon moteur LaTeX, en l’occurrence). « Tout à fait inutile — voire nocif… »

La question ne se pose que s’il doit être diffusé sous la forme qu’aura pu lui donner un logiciel incapable d’offrir des fines et d’autres subtilités typographiques… Ici, alternative angoissante. Faut-il s’y résigner ou tenter d’améliorer les choses en bricolant ? À chacun de voir… […]

Voilà donc le nœud du problème : de plus en plus de gens diffusent du texte mis en forme par un éditeur de texte sommaire. Ce n’est pas seulement que ces éditeurs sont « nuls », c’est plutôt qu’ils ont à gérer des contraintes d’un nouveau type : un même fichier html doit être interprété de façon cohérente sur X navigateurs ouèbes existant sur n plateformes/OS différents ; un même fichier html ou rtf doit être lu sur des clients mails divers ; etc. De même, de plus en plus de gens croient que Word ou OpenOffice/Writer peuvent servir à autre chose que de la saisie, génèrent leur .pdf prêt-à-clicher depuis Word ou OOo et l’envoient à leur éditeur qui clique juste sur « imprimer » (pour de vrai : c’est comme ça que ça se passe à L’Harmattan, qui joue un rôle dégueulasse mais irremplaçable dans l’édition en sciences humaines). Quoi faire ? — réponse de Lacroux : « à chacun de voir… » Donc devant cette « alternative angoissante », pas de réponse simple, pas de « règle » à dicter quant aux « habitudes de frappe » des bépoètes — et moi je continue à trouver regrettable qu’on leur dise : « il faut taper des nbsp — non pardon : il faut taper l’espace insécable devant les ponctuations hautes, c’est la règle en typo française. »

Moi j’en reste donc à : usage différencié suivant les contextes. Ce qui veut dire :
1) LaTeX ou XPress : typo aussi « parfaite » que possible, dans la mesure de mes connaissances et du temps que j’ai à y consacrer ;
2) Word : typo aussi précise que le permet le logiciel, c’est-à-dire déjà pas trop mal, avec adoption des conventions tacites de celui-ci pour le français (parce que travail en commun : sinon je n’utilise pas Word ! Les conventions en question, c’est la fine généralisée l’espace non-justifiante généralisée, i.e y compris pour le deux-points et les guillemets — c’est pas très grave, pour moi c’est moins grave que l’inverse, qui serait aucune fine, mais que des nbsp cela revient donc à ce que les nbsp sont systématiques et considérés comme non-justifiants) ;
3) mon site internet (= des vrais « textes », pour moi) : faire autant que le peut du html « de base » (le support de nnbsp est encore rudimentaire je crois — mais j’ai pas testé extensivement), ce qui veut dire des insécables là où il faut pas que la ligne soit coupée ;
4) mails : peut-être que, sur vos bons conseils, à l’avenir je mettrais des nbsp, ou même des nnbsp si un jour ça marche, dans les 3 ou 4 % de mails « sérieux » que j’envoie — pour les autres, bof, j’ai survécu jusque là…
5) autres usages en ligne (wikis, blogs) : impossible d’avoir une interface standard qui gère le truc automatiquement, parce qu’il faudrait que l’interface sache si c’est du français, de l’anglais ou du chinois… Donc c’est là qu’il pourrait devenir opportun de taper des nbsp systématiquement, mais c’est aussi l’endroit où on s’en fout le plus, d’une mauvaise coupure…

Pour le 1) et le 2), ce n’est pas « inutile », c’est « néfaste » de taper des nbsp. Je peux régler le truc en LaTeX, mais ce serait pour lui dire de remplacer les nbsp par des espaces « normales » (qui sont ensuite gérées par le module de francisation), c’est vraiment stupide au plus haut point ! Pour XPress ou Word, je ne sais pas comment automatiser le truc. Pour le 2) et le 3), c’est « inutile », Word et Spip se chargent de mettre les nbsp
Bon, reste le 4) et le 5), je pourrais faire un effort, ok, même si ce sont les contextes où une mauvaise coupure ne m’empêche pas toujours de dormir. Mais de là à changer mes bonnes habitudes nécessaires à faire les choses bien dans les contextes 1) et 2), non, vraiment…

Ça règle à peu près complètement la question pour moi, mais ça ne dit pas ce qu’il faut recommander aux « gens », pour qui les usages 4) et 5) peuvent avoir une plus grande importance que pour moi. Mais dès lors que la plupart auront aussi affaire à l’usage 2), et que ça restera probablement le contexte où leur typo doit être la plus correcte possible, je m’inquiète un peu des habitudes que vous recommandez… Je retire, pardon : en fait sur Word c’est seulement inutile, en non néfaste… M’enfin ça reste inutile, notez bien. Il faudrait pouvoir être pédagogique, il faudrait pouvoir faire comprendre pourquoi il vaut mieux faire ceci plutôt que cela dans tel contexte, mais cela plutôt que ceci dans tel autre… Quant à savoir quelles habitudes prendre, ça dépendra du contexte qu’il privilégient, il n’y a vraiment pas d’absolu. Je n’ai d’ailleurs jamais dit beaucoup autre chose.

rappel au passage : les « règles » du jeu

Mais au fait, que « faut »-il faire, pour ces maudites insécables ? Quelles sont les « règles » de la typo française, et que peut le bépoète pour s’y conformer ?

  • En typographie soignée, la « règle » serait d’insérer une espace insécable fine devant les trois ponctuations hautes « ? », « ! » et « ; ». Devant « : », ainsi qu’après les guillemets ouvrant («) et avant les guillemets fermants (») de premier niveau, il y a deux (non, en fait, trois) écoles : 1) soit une espace « normale », c’est-à-dire justifiante (donc de même largeur — variable — que les autres sur la même ligne), mais insécable, 2) soit une espace plus fine que l’espace justifiante, mais plus large que la fine (!…), 3) soit une espace fine, comme devant les autres ponctuations hautes. (Remarque : certains préconisent une largeur fixe devant le deux-point — préconisation honorable a priori, mais discutable si on a fait le choix 1 : sur votre ligne, une espace sera différente des autres, mais pas assez différente (comme avec la fine).) Dans le désordre :
    • Le choix 3 n’est pas le plus orthodoxe, mais il correspond par exemple au comportement par défaut d’un logiciel tel que MS Word, et [ah non, pardon] il est somme toute très acceptable (meilleur en tout cas, à mes yeux, que le choix de ne mettre des fines nulle part).
    • Le choix 1 est couramment pratiqué, personne ne vous reprochera rien.
    • Le choix 2 est le « meilleur » du point de vue des esthètes… mais il ne faut pas espérer pouvoir s’en servir ailleurs qu’avec des logiciels spécialisés (InDesign, XPress, LaTeX).
  • Le problème, c’est que l’espace fine n’est pas (pas encore ?) disponible partout… Si le html et l’unicode ont bien prévu le nnbsp (narrow non-breaking space) en plus du nbsp, ce « caractère » n’est pas vraiment supporté par toutes les interfaces logicielles, que ce soit au niveau de la saisie ou au niveau de l’affichage visuel du rendu. D’autre part, les logiciels plus évolués, ceux qui gèrent les fines, les gèrent pour l’instant le plus souvent (à ma connaissance) autrement qu’avec le caractère nnbsp ! On est donc contraint d’adopter des usages différents en fonction du contexte :
    • Si vous voulez un rendu vraiment pro (papier ou pdf), adoptez des outils vraiment pro, et optez pour les fines devant « ? », « ! » et « ; », et le choix 2 pour « : » et pour les guillemets. (Pour LaTeX, le module de francisation babel/french s’occupe par défaut du gros du travail, mais vous devrez le configurer si vous voulez une fine devant le deux-points plutôt qu’une insécable justifiante (comportement par défaut), voire le re-programmer de l’intérieur si vous voulez une espace de largeur intermédiaire entre la fine et la justifiante…)
    • Si vous travaillez sur Word (ça peut arriver… même à moi !), vous pouvez garder son comportement par défaut, ou bien le modifier pour adopter le choix 1 (à condition que vos éventuels collaborateurs en fassent de même !) d’ailleurs vous n’avez pas vraiment le choix : des insécables non-justifiantes partout, mais trop larges. La seule façon d’insérer des fines est de ruser avec le logiciel : vous taper une insécable « normale », et ensuite vous diminuez la taille de la police pour cette espace (vous pouvez bien sûr définir un raccourci clavier, pour ne pas avoir à le refaire à chaque fois).
    • Dans certains contextes, vous ne pourrez pas utiliser la fine (disons pas pour le moment) : par exemple, dans le cas d’un contenu html en ligne, même si vous disposez d’un navigateur évolué qui sait interpréter correctement les fines (et les saisir facilement !), il vous faut tenir compte du fait que l’internaute qui vous lit en est peut-être resté à un navigateur plus ancien. Même chose pour ce qui est des courriels : vous ne maîtrisez pas l’interface, parfois rudimentaire, avec laquelle est lu votre message par votre correspondant. Moralité : il sera impossible de se conformer à « la règle » dans ces contextes.
  • Sachant tout ça, que peut (doit ? devrait ?) faire le bépoète ? Quelle habitude adopter à la frappe ? Eh bien… ça dépend ! D’après ce qu’on a dit plus haut :
    • Si l’on travaille sur un logiciel dont la gestion des fines ne passe pas par le nnbsp, et dont parfois la gestion de l’insécable « normale » ne passe pas par le nbsp, il faut évidemment ne pas saisir ces caractères au clavier, même si le bépo a effectivement prévu ces caractères sur la disposition : en voulant bien faire, en voulant être conscient de sa typo, on planterait le logiciel ! Ceci vaut pour tous les « vrais » logiciels de PAO (parmi lesquels ne rentrent pas les traitements de texte courants).
    • Si l’on est sur Word, on peut se reposer sur les corrections automatiques à la volée, tout en restant attentif à ce qui peut feinter lesdites corrections, et en en connaissant les pièges classiques (dès lors qu’il corrige à la volée, il est structurellement impossible que la correction soit fiable à 100 % — je ne préconise donc pas du tout que ce « repos » se fasse les yeux fermés) : là encore, il vaut mieux ne pas il est inutile de saisir le nbsp et le nnbsp au clavier et par ailleurs il ne faut surtout pas saisir les nnbsp au clavier (mais j’irai vérifier pour vous ce qu’il se passe si on les saisit, je ne l’ai pas encore fait si on saisit un nbsp, il est remplacé par l’insécable « normale » du logiciel, donc il ne se passe rien ; si on saisit un nnbsp, eh bien ça fout un joli bordel, et ça affiche tout sauf une fine !).
    • Sur le Writer d’OpenOffice, la saisie d’un nbsp produit le même effet que dans Word, et il n’y a pas non plus de fine ; mais par contre il n’existe pas (ou je n’ai pas trouvé) de mécanisme de corrections à la volée comme chez son concurrent payant : il faut impérativement saisir les nbsp au clavier (ou programmer, en dix minutes, les corrections manquantes : il suffit de compléter la liste des remplacements déjà prévus dans les Options d’AutoCorrection (menu Outils) — j’ai pas testé, mais pas de raison que ça ne marche pas).
    • Pour les contenus html en ligne et les courriels, d’ici quelques années (quand on pourra lire et saisir ces caractères sur toutes les plateformes et tous les logiciels), le nec plus ultra sera de saisir les nnbsp et les nbsp là où il faut, en suivant les règles décrites plus haut. Il n’est pas impossible que des aménagements sur la dispo bépo puissent alors être souhaitables, notamment pour rendre le nnbsp plus accessible, mais franchement on a le temps avant de voir ça ! D’ici-là, on est bien obligé de se contenter du seul nbsp, et l’idéal serait effectivement de le saisir directement au clavier dans ces contextes particuliers. (Là encore, vous pouvez aussi essayer de programmer des remplacements auto : c’est très simple à faire sur un Mac, on peut définir ce que l’on veut application par application (ou bien globalement, bien entendu).)

Quant à savoir s’il faut en faire une « habitude de frappe », c’est à vous de voir en fonction :

  • de vos contextes d’utilisation le plus fréquent ;
  • des contextes dans lesquels il vous est le plus nécessaire d’avoir une typo optimale.

Le second facteur n’est pas à négliger, parce qu’une habitude, par définition, c’est indépendant du contexte — ceci dit, rien n’empêche a priori d’avoir des habitudes… Une dernière remarque : sur Word et sur OpenOffice, le nbsp saisi au clavier est rendu par une espace-mot insécable non-justifiante. Certains navigateurs ouèbe, sauf erreur de ma part, interprètent au contraire le nbsp du html comme une espace-mot insécable et justifiante. Je ne sais pas si les spécifications html et/ou unicode sont précises à cet égard, qui a « tort » et qui a « raison », mais cette différence de comportement devrait à elle seule suffire à rendre méfiant envers la prise d’habitudes qui, dans certains contextes, pourraient se révéler être de mauvaises habitudes. Mieux vaut savoir ce qu’on fait, si on veut faire les choses dans les règles de l’art (ce qui n’est nullement une obligation, bien sûr).

« Et les tirets d’incises ?… », me direz-vous — eh bien non, ce n’est pas un oubli de ma part. Suivant la « règle » selon laquelle une coupe non optimale est préférable à un mauvais espacement, je ne suis pas partisan de l’insertion systématique d’une insécable (le plus souvent justifiante, mais on peut raffiner, cf. Lacroux) après le tiret ouvrant une incise, et avant celui la refermant. Je renvoie à l’entrée « Tiret » dans l’Orthotypographie de Lacroux, à lire impérativement en entier avant de commencer à vouloir rajouter des insécables ! Ma politique : 1) à la saisie, aucune insécable pour les incises, 2) à la finalisation, les jours où je veux vraiment faire le beau avec un truc tip-top, et pas avant le moment où je suis sûr que plus une seule virgule ne va changer dans le paragraphe, éventuellement je rajoute précautionneusement, une à une, des insécables — à condition qu’elles soient bien sûr justifiantes ! —, en vérifiant à chaque étape que je ne suis pas en train de foutre mon gris en l’air à cause d’un espacement défectueux. (Tout ceci, faut-il le préciser, dans le cas où j’utilise des tirets sur cadratins — mais on ne va pas commencer à utiliser des tirets sur demi-cadratins, n’est-ce pas ?)