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De Disposition de clavier bépo
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Destinataires :
* ministère du travail
* ministère de la santé
* ministère de la culture (merci de ne pas faire passer la typographie avant la santé des gens, en normalisant l’azerty vous allez empêcher toute évolution du côté du clavier)
* éducation nationale (promesse de Hollande)
* ministère de l’économie (secrétariat au numérique)
* AFNOR pour faire appel à leur sens des responsabilités, afin qu’ils mettent les priorités dans le bon ordre
* associations pour la santé au travail
* médecine du travail
* INPES
* INRS


Madame, Monsieur,
Nous souhaitons attirer votre attention sur une situation qui nous préocupe.
pour l’ÉN :
« L’éducation nationale n’est pas associée, la saisie sur clavier ne
fait pas partie de ses objectifs. » C’est étrange, le programme
électoral du président actuel soutient l’inverse…
Aujourd’hui l’informatique prend de plus en plus de place au travail et dans la vie de tous les jours. De très nombreux salariés passent plusieurs heures par jour sur un ordinateur, et sur l’un des deux dispositifs qui permettent de le contrôler : le clavier.
Le tactile ne changera rien pour les gens qui doivent saisir du texte, c’est une régression par rapport au clavier classique.
la frappe dactylo est efficace pour soulager les épaules et les coudes. Quand on colle les mains au clavier, un layout ergonomique (à la dvorak) est nécessaire pour
limiter les contraintes sur les mains.
Malheureusement, ni les institutions officielles ni les constructeurs de
matériel ne se soucient de l’ergonomie du clavier. Seules les personnes
sensibilisées à la dactylo, le plus souvent après un problème de
TMS, comprennent l’intérêt de remettre en cause
leurs habitudes et de passer au bépo.
Sans soutien officiel, difficile d’être inclus dans les deux systèmes d’exploitation principaux et difficile de convaincre les constructeurs de matériel. On
ne peut donc pas faire de prévention à grande échelle, car le manque de
support du bépo freine son adoption.
Récemment, nous avons été contacté par l’AFNOR car le ministère de la culture souhaite améliorer la saisie du français. Les linguistes de la DGLFLF souhaitent qu’on puisse écrire correctement le français.
Dans l’état actuel des choses, ça risque fort d’aboutir à la normalisation de l’azerty.
Du côté du ministère de la culture, on part du principe que clavier
français = azerty. Ils veulent faire une norme qui rajoute quelques
caractères à l’azerty. Mais comme en France il ne peut y avoir qu’une
seule norme dans chaque domaine, en voulant fixer l’ordre des touches,
ils empiétent sur le domaine de l’ergonomie. En effet, une fois qu’ils
auront normalisé l’azerty, il ne sera plus possible de normaliser le
bépo.
les gens débutent avec l’azerty puis ne changent jamais de layout à cause du poids des habitudes.
La normalisation de l’azerty aura beau être basée
sur la typographie, ceux qui se cherchent des excuses pour rester sur
l’azerty prendront ça comme un arbitrage en ergonomie. Pour eux, ce
sera la confirmation que ce n’est pas la peine de s’intéresser aux
claviers dvorak, « puisque l’azerty est LA norme ». Si c’est une norme,
ça veut dire que des gens compétents ont étudié la question, non ? Et
qu’ils ont pris la bonne décision, non ?
Parmi ceux qui se cherchent aujourd’hui des excuses, certains se
taperont des TMS quelques années plus tard, mais le mal sera fait.
Aux USA, le dvorak est normalisé aux USA. La France est à la traîne. Dans un pays anglophone, quelqu’un qui a des TMS ou qui veut s’en
prémunier peut passer au dvorak de manière très simple. Le layout est
bien connu, il est inclus dans les deux OS principaux, et on peut
trouver des claviers marqués dvorak (même s’il faut les commander).
Pourquoi un francophone ne bénéficie pas de la même possibilité ?
Ce qui est mauvais pour l’ergonomie du clavier est mauvais pour la
santé de ceux qui travaillent avec plusieurs heures par jour. Les gens
du ministère de la culture ne s’intéresse pas à l’ergonomie du clavier :
c’est normal, ils sont linguistes, ce n’est pas leur domaine. Mais il y
aurait dû y avoir la médecine du travail et les autres instances
officielles (ministères santé/travail) pour répondre au ministère de la
culture, et remettre les choses dans l’ordre : la santé est plus
importante que la typographie. il serait vraiment regrettable que les critères commerciaux priment sur la santé des travailleurs
nous souhaiterions donc que vos services rejoignent ce processus de normalisation du clavier français.
faire les choses correctement et mettre la santé en tête du
cahier des charges, devant la typographie. Il faudra expliquer aux
linguistes que leur rôle est de définir une liste des caractères devant
être présent sur un clavier francophone. Mais quand ils parlent
d’unifier l’expérience, ça peut avoir des répercutions sur la santé des
gens en les enfermant sur l’azerty. La santé, ce n’est pas leur domaine.
Demander à l’AFNOR de mettre les priorités dans le
bon ordre, ce qui signifie faire passer la santé avant la typographie.
Faire une norme sur la liste des caractères que doit comporter un
clavier français, c’est un progrès. C’est lassant d’entendre la légende
des capitales qu’il ne faut pas accentuer, de voir des "" à la place
des «», etc. C’est un travail de linguistes et de typographes : tout le
monde reconnaît la légitimité de la DGLFLF et de l’Imprimerie Nationale
dans ce domaine.
Faire une norme qui donne des informations sur l’accessibilité des
touches (é et É doivent être sur la même touche), c’est aussi un
progrès.
Mais faire une norme qui fige les touches dans une position
anti-ergonomique, c’est une régression.
Soit le bépo et l’azerty sont normalisés tous les deux, comme le qwerty
et le dvorak sont normalisés aux USA. Et si quelqu’un veut changer de
disposition à cause des TMS, il peut le faire sans subir un parcours du
combattant. Mais si un seul layout peut être normalisé, ni l’azerty ni
le bépo ne doivent l’être. Pas l’azerty, parce que ça bloquerait à
jamais toute évolution. Pas le bépo, parce qu’ils seront trop frileux.
Si le ministère de la culture accepte de rester dans le domaine de la
typographie au lieu de vouloir empiéter sur la santé du travail, voici
un compromis qui serait acceptable par tout le monde :
- une norme pour la liste des caractères
- une norme pour l’accessibilité
- une recommandation pour l’azerty
- une recommandation pour le bépo
L’argument de « laisser la place à l’innovation » me semble très
pertinent dans ce contexte, et la séparation en trois normes
permettrait de s’assurer que l’innovation n’aille pas à l’encontre de
ce que veut le ministère : qu’on puisse écrire le français
correctement avec un clavier.
Dans l’absolu, tu as raison. En pratique, je pense que personne au
ministère de la culture se soucie d’un éventuel après-azerty. Le cœur
du problème, c’est qu’ils semblent aborder la question uniquement sous
l’angle d’une normalisation d’un azerty étendu. J’espère que le
processus de normalisation les convaincra de revenir sur cette position,
et de se contenter de lister les caractères nécessaires.
Vu la situation actuelle (azerty dominant alors que c’est un produit
sous-optimal), une norme de clavier francophone devrait se concentrer
sur les deux premiers objectifs, et ne pas mentionner le troisième
point.
Quand on néglige l’ergonomie, on le fait au détriment de la santé des
travailleurs.

Dernière version du 9 septembre 2020 à 01:45