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Je propose par exemple de prendre des textes de Wikisource, ça participe alors à notre culture générale… Mais tous textes sont les bienvenus, en particulier ceux qui ont des nombres en chiffres (dates et autres, ça manque un peu sur les textes de wikisource). Par contre je compte faire une séparation entre textes « littéraires » et textes conçus pour l’occasion spécifiquement à cette page (je sais que certains avaient commencé pour le dactylotest).
Je propose par exemple de prendre des textes de Wikisource, ça participe alors à notre culture générale… Mais tous textes sont les bienvenus, en particulier ceux qui ont des nombres en chiffres (dates et autres, ça manque un peu sur les textes de wikisource). Par contre je compte faire une séparation entre textes « littéraires » et textes conçus pour l’occasion spécifiquement à cette page (je sais que certains avaient commencé pour le dactylotest).
=== [http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_sur_l’esprit_positif Discours sur l’esprit positif, Auguste Comte] ===
Malgré la haute importance des divers motifs précédents, des considérations encore plus puissantes détermineront surtout les intelligences populaires à seconder aujourd’hui l’action philosophique de l’école positive par leur ardeur continue pour l’universelle propagation des études réelles elles se rapportent aux principaux besoins collectifs propres à la condition sociale des prolétaires. On peut les résumer en cet aperçu général : il n’a pu exister jusqu’ici une politique spécialement populaire, et la nouvelle philosophie peut seule la constituer.


=== [http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Natchez/Livre_1 Les Natchez, François-René de Chateaubriand] ===
=== [http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Natchez/Livre_1 Les Natchez, François-René de Chateaubriand] ===

Version du 11 avril 2011 à 05:35

Cette page sert à mettre des textes pour pouvoir faire un recueil d’exercices pour les logiciels de dactylographie. Mon but est de mettre un texte par jour. Tout le monde est invité à y contribuer. Je fixe les contraintes suivantes (il faut bien qu’on s’en fixe, et c’est arbitraire, il y a une page de discussion si ça ne vous va pas) :

  • Un seul paragraphe, d’une longueur entre 500 et 1000 caractères
  • typographie française, apostrophe typographique, espaces insécables (libre ensuite de faire un traitement automatique pour changer tout ça, style dactylotest)
  • Licence compatible CC-By-SA, et on indique la source dans le titre.

Je propose par exemple de prendre des textes de Wikisource, ça participe alors à notre culture générale… Mais tous textes sont les bienvenus, en particulier ceux qui ont des nombres en chiffres (dates et autres, ça manque un peu sur les textes de wikisource). Par contre je compte faire une séparation entre textes « littéraires » et textes conçus pour l’occasion spécifiquement à cette page (je sais que certains avaient commencé pour le dactylotest).

Discours sur l’esprit positif, Auguste Comte

Malgré la haute importance des divers motifs précédents, des considérations encore plus puissantes détermineront surtout les intelligences populaires à seconder aujourd’hui l’action philosophique de l’école positive par leur ardeur continue pour l’universelle propagation des études réelles elles se rapportent aux principaux besoins collectifs propres à la condition sociale des prolétaires. On peut les résumer en cet aperçu général : il n’a pu exister jusqu’ici une politique spécialement populaire, et la nouvelle philosophie peut seule la constituer.

Les Natchez, François-René de Chateaubriand

Une jeune fille parut à l’entrée de la cabane. Sa taille haute, fine et délice, tenait à la fois de l’élégance du palmier et de la faiblesse du roseau. Quelque chose de souffrant et de rêveur se mêlait à ses grâces presque divines. Les Indiens, pour peindre la tristesse et la beauté de Céluta, disaient qu’elle avait le regard de la Nuit et le sourire de l’Aurore. Ce n’était point encore une femme malheureuse, mais une femme destinée à le devenir. On aurait été tenté de presser cette admirable créature dans ses bras, si l’on n’eût craint de sentir palpiter un cœur dévoué d’avance aux chagrins de la vie.

Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques, Jean-François Champollion

Une comparaison préliminaire nous avait aussi fait reconnaître que, dans l’écriture démotique, ces deux mêmes noms écrits phonétiquement employaient plusieurs caractères tout-à-fait semblables. L’analogie des trois écritures égyptiennes dans leur marche générale, devait nous faire espérer la même rencontre et les mêmes rapports dans ces mêmes noms écrits hiéroglyphiquement : c’est ce qu’a aussitôt confirmé la simple comparaison du cartouche hiéroglyphique renfermant le nom de Ptolémée avec celui de l’obélisque de Philæ, que nous considérions, d’après l’inscription grecque, comme contenant le nom de Cléopâtre.

Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll

Alice ne s’était pas fait le moindre mal. Vite elle se remet sur ses pieds et regarde en l’air ; mais tout est noir là-haut. Elle voit devant elle un long passage et le Lapin Blanc qui court à toutes jambes. Il n’y a pas un instant à perdre ; Alice part comme le vent et arrive tout juste à temps pour entendre le Lapin dire, tandis qu’il tourne le coin : « Par ma moustache et mes oreilles, comme il se fait tard ! ». Elle n’en était plus qu’à deux pas : mais le coin tourné, le Lapin avait disparu. Elle se trouva alors dans une salle longue et basse, éclairée par une rangée de lampes pendues au plafond.

Les Hauts de Hurlevent, Emily Brontë

Avant de franchir le seuil, je me suis arrêté pour admirer une quantité de sculptures grotesques prodiguées sur la façade, spécialement autour de la porte principale. Au-dessus de celle-ci, et au milieu d’une nuée de griffons délabrés et de bambins éhontés, j’ai découvert la date « 1500 » et le nom « Hareton Earnshaw ». J’aurais bien fait quelques commentaires et demandé au revêche propriétaire une histoire succincte du domaine ; mais son attitude à la porte semblait exiger de moi une entrée rapide ou un départ définitif, et je ne voulais pas aggraver son impatience avant d’avoir inspecté l’intérieur.

Chemin de fer et cimetière, Bjørnstjerne Bjørnson

Dans la maison d’Aakre, sa femme l’attendait. Elle savait que le conflit était inévitable ; jamais elle n’avait eu confiance en Lars et, maintenant, elle avait positivement peur de lui. Quand Lars et son mari étaient partis ensemble le matin, elle ne s’était point sentie rassurée : fussent-ils rentrés ensemble, assis à côté l’un de l’autre, elle ne l’aurait pas été davantage. Mais l’obscurité s’était faite, et ils n’étaient point revenus. Elle se tenait sur le pas de la porte, regardant fixement la route, et rien n’apparaissait.

Épisode de la vie d’un artiste, Hector Berlioz

L’auteur suppose qu’un jeune musicien, affecté de cette maladie morale qu’un écrivain célèbre appelle le vague des passions, voit pour la première fois une femme qui réunit tous les charmes de l’être idéal que rêvait son imagination, et en devient éperdûment épris. Par une singulière bizarrerie, l’image chérie ne se présente jamais à l’esprit de l’artiste que liée à une pensée musicale, dans laquelle il trouve un certain caractère passionné, mais noble et timide comme celui qu’il prête à l’objet aimé.

Le Père Goriot, Honoré de Balzac

Vers la fin de cette première semaine du mois de décembre, Rastignac reçut deux lettres, l’une de sa mère, l’autre de sa sœur aînée. Ces écritures si connues le firent à la fois palpiter d’aise et trembler de terreur. Ces deux frêles papiers contenaient un arrêt de vie ou de mort sur ses espérances. S’il concevait quelque terreur en se rappelant la détresse de ses parents, il avait trop bien éprouvé leur prédilection pour ne pas craindre d’avoir aspiré leurs dernières gouttes de sang. La lettre de sa mère était ainsi conçue.

Emma, Jane Austen

M. Woodhouse aimait le monde à sa manière : il se plaisait à recevoir des visites. Installé à Hartfield depuis de longues années, disposant d’une fortune considérable, il était parvenu, avec l’aide de sa fille, à se former un petit noyau d’amis toujours prêts à accourir à son appel. Son horreur des grands dîners et des heures tardives ne lui permettait d’entretenir des relations qu’avec ceux qui consentaient à se plier à ses habitudes : il était rare qu’Emma ne réussît pas à lui trouver des partenaires pour sa partie quotidienne.

Vive la vie !, Alphonse Allais

Ses yeux (oh ! ses yeux !) limpides comme ceux d’un tout petit enfant, sa bouche (oh ! sa bouche !) qui semblait avoir été cueillie, le matin même, sur le plus royal des cerisiers de Montmorency, ses cheveux blonds (d’un ton !) très fins et dont la multitude frisait l’indiscrétion, ses menottes (oh ses menottes !) uniquement composées de fossettes ; tout en elle, tout, compliqué d’un copieux extra-dry préalable, me mettait en des états dont la plus chaste description me ferait traîner devant la justice de mon pays.

Culture libre, Lawrence Lessig

À l’époque où les frères Wright inventaient l’avion, la loi américaine stipulait que le propriétaire d’un terrain était non seulement propriétaire de la surface de son terrain, mais de tout le sous-sol, jusqu’au centre de la Terre, et de tout l’espace au-dessus, « jusqu’à l’infini. » Depuis des années, les érudits s’étaient demandé comment interpréter au mieux l’idée que des droits de propriété terrestres puissent monter jusqu’aux cieux. Cela signifiait-il que vous possédiez les étoiles ? Pouviez-vous poursuivre les oies en justice, pour violations de propriété volontaires et répétées ?

Iliade, Homère

Ayant ainsi parlé, il sortit le premier de l’agora. Et les autres Rois porte-sceptres se levèrent et obéirent au prince des peuples. Et les peuples accouraient. Ainsi des essaims d’abeilles innombrables sortent toujours et sans cesse d’une roche creuse et volent par légions sur les fleurs du printemps, et les unes tourbillonnent d’un côté, et les autres de l’autre. Ainsi la multitude des peuples, hors des nefs et des tentes, s’avançait vers l’agora, sur le rivage immense. Et, au milieu d’eux, Ossa, messagère de Zeus, excitait et hâtait leur course, et ils se réunissaient.

Le Rouge et le Noir, Stendhal

Verrières est abritée du côté du nord par une haute montagne, c’est une des branches du Jura. Les cimes brisées du Verra se couvrent de neige dès les premiers froids d’octobre. Un torrent, qui se précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le mouvement à un grand nombre de scies à bois ; c’est une industrie fort simple et qui procure un certain bien-être à la majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui ont enrichi cette petite ville. C’est à la fabrique des toiles peintes, dites de Mulhouse, que l’on doit l’aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de presque toutes les maisons de Verrières.

Psychopathologie de la vie quotidienne, Sigmund Freud

Deux des exemples cités dans le chapitre précédent, à savoir ma propre erreur, consistant à situer les Médicis à Venise, et celle du jeune homme qui a su, malgré la défense qui lui en était faite, entrer en communication téléphonique avec sa maîtresse, n’ont pas été décrits d’une façon précise et apparaissent, à un examen plus attentif, comme résultant d’une combinaison d’un oubli et d’une erreur. Avec plus de netteté encore, cette même combinaison apparaît dans quelques autres exemples que je vais citer.

La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette

L’humeur ambitieuse de la reine lui faisait trouver une grande douceur à régner. Il semblait qu’elle souffrît sans peine l’attachement du roi pour la duchesse de Valentinois, et elle n’en témoignait aucune jalousie ; mais elle avait une si profonde dissimulation, qu’il était difficile de juger de ses sentiments ; et la politique l’obligeait d’approcher cette duchesse de sa personne, afin d’en approcher aussi le roi. Ce prince aimait le commerce des femmes, même de celles dont il n’était pas amoureux. Il demeurait tous les jours chez la reine à l’heure du cercle, où tout ce qu’il y avait de plus beau et de mieux fait de l’un et de l’autre sexe ne manquait pas de se trouver.

Madame Bovary, Gustave Flaubert

Souvent, lorsqu’il restait à lire dans sa chambre, ou bien assis le soir sous les tilleuls du Luxembourg, il laissait tomber son Code par terre, et le souvenir d’Emma lui revenait. Mais peu à peu ce sentiment s’affaiblit et d’autres convoitises s’accumulèrent par-dessus, bien qu’il persistât cependant à travers elles ; car Léon ne perdait pas toute espérance, et il y avait pour lui comme une promesse incertaine qui se balançait dans l’avenir, tel qu’un fruit d’or suspendu à quelque feuillage fantastique.

Bel-Ami, Gui de Maupassant

Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu’il allait faire. On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois. Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se contentant des déjeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui représentait encore deux collations au pain et au saucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C’était là sa grande dépense et son grand plaisir des nuits ; et il se mit à descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette.

Kernok le pirate, Eugène Sue

Il naquit à Plougasnou ; à quinze ans il se sauva de chez son père, s’embarqua sur un négrier, et là commença son éducation maritime. Il n’y avait pas à bord de mousse plus agile, de matelot plus intrépide, nul n’avait le coup d’œil plus perçant pour découvrir au loin la terre voilée par la brume. Nul ne serrait un hunier avec plus de prestesse et de grâce. Et quel cœur ! Un officier laissait-il négligemment errer sa bourse, le jeune Kernok la ramassait avec soin, mais ses camarades avaient part au contenu ; volait-il du rhum au capitaine, il partageait encore scrupuleusement avec ses intimes.

J’accuse, Émile Zola

Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les cœurs. Vous apparaissez rayonnant dans l’apothéose de cette fête patriotique que l’alliance russe a été pour la France, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition Universelle, qui couronnera notre grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom — j’allais dire sur votre règne — que cette abominable affaire Dreyfus ! Un conseil de guerre vient, par ordre, d’oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, la France a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis.

Au pays des pierres, Cécile de Tormay

Au milieu des grandes montagnes assombries, le village s’allongeait démesurément. Près du rempart devenu vert s’élevaient deux vieux chênes. Plus bas, quelques toits rouges, le long de la route des maisons de bois pourri, en lignes zigzagantes, désordonnées… Les fenêtres obliques se regardaient méchamment, avec méfiance. Les toits enfumés avaient glissé de travers sous la pression de la « bora », comme le chapeau des gens ivres. Des petits nuages montaient des cheminées. Un chaud parfum de pain sortait de la maison du sonneur. « Peut-être bien qu’ils se préparent à une noce ! » pensa Jella. L’eau lui vint à la bouche. Affamée, elle continua son chemin.

Quo Vadis, Henryk Sienkiewicz

Pétrone se réveilla seulement vers midi, et très las, comme de coutume. La veille, il avait été convive de Néron, et le festin s’était prolongé fort avant dans la nuit. Depuis quelque temps, sa santé commençait à s’altérer. Il avouait se réveiller le matin tout engourdi et incapable de rassembler ses idées. Mais le bain matinal et un soigneux massage opéré par d’habiles esclaves stimulaient la circulation de son sang paresseux, achevaient de le réveiller, lui rendaient ses forces, si bien que de l’oleotechium, c’est-à-dire du dernier compartiment de la salle de bains, il sortait comme rajeuni, les yeux pétillants d’esprit et de gaieté, élégant, et tellement supérieur qu’Othon lui-même n’eût pu rivaliser avec lui. C’était bien là celui qu’on appelait l’arbiter elegantiarum.

Le Devisement du Monde, Marco Polo

Ayant donc été conduits devant le Grand Khan, ils en furent reçus avec beaucoup de bonté ; il les interrogea sur plusieurs choses, principalement des pays occidentaux, de l’empereur romain et des autres rois et princes, et de quelle manière ils se comportaient dans leur gouvernement, tant politique que militaire ; par quel moyen ils entretenaient entre eux la paix, la justice et la bonne intelligence. Il s’informa aussi des mœurs et de la manière de vivre des Latins ; mais surtout il voulut savoir ce qu’était la religion chrétienne, et ce qu’était le pape, qui en est le chef. A quoi nos Vénitiens ayant répondu le mieux qu’il leur fut possible, l’empereur en fut si content qu’il les écoutait volontiers et qu’il les faisait souvent venir à sa cour.

Le Chat maigre, Anatole France

Les bourrasques de novembre fouettaient depuis trois jours le faubourg populeux, que les premières ombres de la nuit revêtaient déjà. Des flaques d’eau miroitaient sous les becs de gaz. Une boue noire, délayée par les pas des hommes et des chevaux, couvrait le trottoir et la chaussée. Les ouvriers, portant leurs outils sur le dos, et les femmes, revenant de chez le traiteur avec des portions de bœuf entre deux assiettes, marchaient sous la pluie en tendant le dos, dans la morne attitude des bêtes de somme.

Olivier Twist, Charles Dickens

Olivier revint bientôt de l’évanouissement que lui avait causé la brusque exclamation de M. Brownlow : celui-ci et Mme Bedwin évitèrent soigneusement de reparler du tableau, et la conversation ne roula ni sur l’histoire, ni sur l’avenir d’Olivier, mais seulement sur des sujets propres à le distraire sans l’impressionner. Il était encore trop faible pour se lever pour le déjeuner ; mais quand il descendit le lendemain dans la chambre de la femme de charge, son premier mouvement fut de jeter un regard avide sur la muraille, dans l’espoir de revoir la figure de la belle dame ; son attente fut trompée : le portrait avait disparu.

Code de la Propriété Intellectuelle, Article L. 123-6

Pendant la période prévue à l’article L. 123-1, le conjoint survivant, contre lequel n’existe pas un jugement passé en force de chose jugée de séparation de corps, bénéficie, quel que soit le régime matrimonial et indépendamment des droits qu’il tient des articles 756 à 757-3 et 764 à 766 du code civil sur les autres biens de la succession, de l’usufruit du droit d’exploitation dont l’auteur n’aura pas disposé. Toutefois, si l’auteur laisse des héritiers à réserve, cet usufruit est réduit au profit des héritiers, suivant les proportions et distinctions établies par l’article 913 [et 914] du code civil.

Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas

Le premier lundi du mois d’avril 1625, le bourg de Meung, où naquit l’auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s’enfuir les femmes du côté de la grande rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hâtaient d’endosser la cuirasse et, appuyant leur contenance quelque peu incertaine d’un mousquet ou d’une pertuisane, se dirigeaient vers l’hôtellerie du Franc Meunier, devant laquelle s’empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compact, bruyant et plein de curiosité.

Jean qui grogne et Jean qui rit, Comtesse de Ségur

« Je suis resté trop longtemps chez cette pauvre femme, se disait-il. Je voyais que ma présence la consolait ; c’est comme si elle avait eu Jean auprès d’elle ! Pauvre mère ! c’est pourtant terrible d’envoyer son enfant faire cent vingt lieues à pied, seul, presque sans argent, pour arriver à Paris, où tant de jeunes gens se perdent et meurent de faim… J’irai la consoler et lui parler de Jean quelquefois ; c’est une charité. Et je donnerai de ses nouvelles à… Imbécile que je suis, s’écria-t-il, j’ai oublié de demander à Jean son adresse ! C’est-il bête ! Où le trouver dans ce grand diable de Paris ?… La mère doit le savoir ; je le lui demanderai quand je la verrai. »

La Valeur de la Science, Henri Poincaré

Il est impossible d’étudier les Œuvres des grands mathématiciens, et même celles des petits, sans remarquer et sans distinguer deux tendances opposées, ou plutôt deux sortes d’esprits entièrement différents. Les uns sont avant tout préoccupés de la logique ; à lire leurs ouvrages, on est tenté de croire qu’ils n’ont avancé que pas à pas, avec la méthode d’un Vauban qui pousse ses travaux d’approche contre une place forte, sans rien abandonner au hasard. Les autres se laissent guider par l’intuition et font du premier coup des conquêtes rapides, mais quelquefois précaires, ainsi que de hardis cavaliers d’avant-garde.

L’Escarboucle bleue, Conan Doyle

Le surlendemain de Noël, je passai dans la matinée chez mon ami Sherlock Holmes pour lui souhaiter la bonne année. Il était en veston d’intérieur, paresseusement étendu sur un sofa ; à portée de sa main une pipe et une pile de journaux qu’il avait dû lire et relire tant ils étaient froissés ; un peu plus loin, sur le dossier d’une chaise de paille, un vieux chapeau de feutre dur très râpé et bossué. Un microscope et une forme à chapeau, posés sur la chaise elle-même attestaient que le chapeau avait dû être placé là pour être examiné attentivement.

La Chèvre et l’Âne, Ésope

Un homme nourrissait une chèvre et un âne. Or la chèvre devint envieuse de l’âne, parce qu’il était trop bien nourri. Et elle lui dit : « Entre la meule à tourner et les fardeaux à porter, ta vie est un tourment sans fin, » et elle lui conseillait de simuler l’épilepsie, et de se laisser tomber dans un trou pour avoir du repos. Il suivit le conseil, se laissa tomber et se froissa tout le corps. Son maître ayant fait venir le vétérinaire, lui demanda un remède pour le blessé. Le vétérinaire lui prescrivit d’infuser le poumon d’une chèvre ; ce remède lui rendrait la santé. En conséquence on immola la chèvre pour guérir l’âne.

L’Affaire Lerouge, Émile Gaboriau

Le jeudi 6 mars 1862, surlendemain du mardi-gras, cinq femmes du village de La Jonchère se présentaient au bureau de police de Bougival. Elles racontaient que depuis deux jours personne n’avait aperçu une de leurs voisines, la veuve Lerouge, qui habitait seule une maisonnette isolée. À plusieurs reprises, elles avaient frappé en vain. Les fenêtres comme la porte étant exactement fermées, il avait été impossible de jeter un coup d’œil à l’intérieur. Ce silence, cette disparition les inquiétaient. Redoutant un crime, ou tout au moins un accident, elles demandaient que « la Justice » voulût bien, pour les rassurer, forcer la porte et pénétrer dans la maison.

Les Bourbons d’Espagne sous l’Empire, Armand Lefebvre

L’alliance conclue à Tilsitt le 7 juillet 1809 était principalement une alliance maritime ; elle avait pour objet précis et limité d’obliger l’Angleterre à répudier ses maximes absolues en matière de navigation et à reconnaître le principe d’une parfaite égalité entre tous les pavillons. Dans la prévision qu’elle refuserait de faire la paix à de telles conditions, la France et la Russie avaient pris l’engagement de forcer toutes les puissances maritimes de l’Europe, toutes, sans exception, à lui fermer leurs ports et leurs marchés et à lui déclarer la guerre. Le récit qu’on va lire est l’histoire des efforts tentés par l’empereur Napoléon pour soumettre au système continental le Portugal et l’Espagne, et les enchaîner sans retour l’un et l’autre à la fortune de sa maison.

Candide, ou l’Optimisme, Voltaire

Il y avait en Westphalie, dans le château de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il était fils de la sœur de monsieur le baron et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps.

Convention Internationale des Droits de l’Enfant, Article 2

Les États parties s’engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou autre de l’enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation.

Le Rhin, Victor Hugo

L’obstacle moral, c’est l’inquiétude que la France éveille en Europe. La France en effet, pour le monde entier, c’est la pensée, c’est l’intelligence, la publicité, le livre, la presse, la tribune, la parole ; c’est la langue, la pire des choses, dit Ésope : ― la meilleure aussi. Pour apprécier quelle est l’influence de la France dans l’atmosphère continentale et quelle lumière et quelle chaleur elle y répand, il suffit de comparer à l’Europe d’il y a deux cents ans, dont nous avons crayonné le tableau en commençant, l’Europe d’aujourd’hui.