Dossier de presse normalisation

De Disposition de clavier bépo
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Qu’est-ce que la norme « clavier français » ?

En janvier 2016, le ministère de la culture annonçait sa volonté de normaliser les claviers informatiques français. Ce procédé, réalisé dans le cadre d’un groupe de travail réunissant l’AFNOR (association française pour la normalisation, chargée d’éditer les normes industrielles en France), des constructeurs de claviers, des ergonomes, des traducteurs, des représentants du ministère de la culture, ou encore des associations telles qu’Ergodis (réunissant les membres du projet BÉPO), a pour objectif de niveler par le haut les dispositions des claviers vendus en France et dans d’autres pays de la Francophonie.

AZERTY, un standard de fait peu adapté aux usages du français

Alors qu’une norme industrielle désigne un ensemble de règles et recommandations claires décidées collégialement par l’ensemble des acteurs concernés, un standard de fait n’est consacré que par l’usage, et ne reflète que l’état du marché. Les claviers dits AZERTY appartiennent à la seconde catégorie : aucun texte ne définit de règles de conformité et leur omniprésence actuelle en France n’est que le fruit d’un équilibre entre l’offre et la demande.

Cette disposition, fruit d’un siècle et demie d’évolutions et héritée des insuffisances technologiques des machines à écrire, a le défaut de ne répondre que partiellement aux besoins du français. Si les vingt-six lettres de base de l’alphabet latin, les « minuscules » accentuées et certains symboles peuvent être saisis, plusieurs caractères indispensables à une typographie correcte font défaut. Citons en particulier :

  • Les capitales accentuées : contrairement à une idée reçue et parfois même encore enseignée à l’école primaire, il n’y a pas de justification à ne pas employer d’accents sur les capitales en français. Leur disparition s’expliquait à l’époque de l’imprimerie pour des raisons de coûts, puis à celle des machines à écrire par leur absence des claviers. Il n’y a cependant plus de raisons d’omettre les accents sur les capitales, usage condamné par les typographes comme par l’Académie française. Malheureusement, l’usager d’un clavier AZERTY ne pourra guère écrire correctement « l’Église » ni « À partir de ».
Exemples de ligatures utilisées dans l’imprimerie.
  • Les ligatures orthographiques : si la fusion de deux lettres en une seule relève parfois de l’esthétique (c’est le cas de « ffi » ou « st » sur l’image ci-contre), le français a donné pleine valeur orthographique aux ligatures « œ » et « æ ». Aussi, les graphies « Laetitia » et « coeur » devraient-elles être délaissées au projet de « Lætitia » et « cœur ». En capitales, la distinction entre « Oedipe » (fautif), « OEdipe » (à éviter) et « Œdipe » saute aux yeux.
  • Les guillemets : si les guillemets droits originaires des États-Unis " sont d’usage courant, il est largement préférable d’employer en français les guillemets chevrons « ».

D’autres points, plus mineurs, peuvent être un obstacle à la saisie d’un texte correct avec un clavier AZERTY standard sans l’aide de correcteurs a posteriori, intégrés aux traitements de texte (Word, LibreOffice Writer, etc.) mais pas aux logiciels de rédaction de courriels ou de messagerie instantanée, ni aux formulaires à compléter dans un navigateur internet. Ces points ne sont pas de l’ordre du pédantisme : l’image suivante permet de comparer le confort de lecture entre deux textes identique, l’un rédigé à l’aide d’un clavier AZERTY standard sans correcteur, l’autre respectant les recommandations typographiques du français.

Le même extrait de l’Abolution de Robert Badinter (Fayard 2000) typographié sans avoir recours aux fonctionnalités avancées d’un logiciel de traitement de texte : à gauche, avec les caractères pris en charge par la disposition BÉPO normalisée ; à droite avec le jeu de caractères disponibles dans l’AZERTY de base uniquement.

Le problème est encore plus marqué s’agissant de la saisie de caractères des langues de régionales de France, ou de langues étrangères parlées par plusieurs millions de Français, Suisses et Belges : espagnol, allemand, hollandais ou translittérations de l’arabe en particulier.

Plusieurs versions de l’AZERTY

L’absence de norme consensuelle a pour effet de multiplier scinder le marché en plusieurs variantes, occasionnant pour l’utilisateur un temps d’adaptation lors d’un changement d’environnement de travail. Ainsi, la position de l’arobase, des tirets, du point d’exclamation, des signes + et =, des symboles € et $, etc. varie-t-elle entre les claviers vendus par Apple et ceux de Logitech, Dell, Microsoft et Cherry. Le comportement de certaines combinaisons de touches varie selon le système d’exploitation : sous Windows, une double pression sur « ^ » produira le smiley « ^^ » ; sous Mac OS et Linux, un seul accent circonflexe sera affiché.

Par ailleurs, de multiples solutions ont été proposées indépendamment supporter les autres caractères nécessaires : certains systèmes permettent de les saisir par des combinaisons peu intuitives basées sur la touche spéciale clavier bépoAltGr, d’autres nécessitent de mémoriser un numéro associé à chaque symbole pour le saisir à l’aide de la touche clavier bépoAlt par exemple. Des pilotes additionnels (logiciels prenant en charge le comportement du clavier) ont été conçus, sans qu’un comportement à respecter n’ait été défini de façon univoque, compliquant l’usage de l’ordinateur d’un tiers.

Attentes

En proposant un cadre de référence aux concepteurs de claviers et de systèmes d’exploitation en usage en France, cette norme devrait permettre de mettre fin à ces difficultés. Elle définira le comportement précis de nombreuses combinaisons de touches, l’emplacement de toutes les lettres utilisées en français ainsi que dans les langues régionales de France et les langues officielles de l’Union européenne ayant recours à l’alphabet latin, des signes de ponctuation, et bien d’autres.

Le respect de la norme dépendra de la volonté des parties concernées par le marché du clavier : fabricants, développeurs, et consommateurs. Les État seuls auront le pouvoir de rendre le respect de la norme obligatoire : contrairement aux normes relatives à la santé et à la sécurité, la conformité ne sera vraisemblablement pas nécessaire à la commercialisation en France, mais elle pourrait être exigée dans le cadre des marchés publics de l’administration française.

Afin d’assurer l’équité de cette norme et son intérêt pour le public, l’AFNOR mènera en 2017 une enquête publique de plusieurs semaines portant sur un projet de norme réalisé par le groupe de travail dont fait partie Ergodis. La version définitive tiendra compte des retours collectés au cours de l’enquête publique.

Qu’est-ce que le projet BÉPO ?

Peut-on se procurer un « clavier BÉPO » ? Comment apprendre à s’en servir ?

Comment obtenir plus de renseignements ?